La campagne a pris une autre tournure. Depuis l'annonce des résultats du premier tour, le ton est monté et l'ambiance devenue glaciale entre Alain Juppé et François Fillon. Mis en difficulté par son score décevant (28,6%), le premier cité s'est lancé dans une offensive médiatique importante contre le nouveau favori du scrutin (44,1%). Grand défenseur d'une "identité heureuse", le maire de Bordeaux a mis l'accent sur le programme très conservateur et libéral de son concurrent. Ses attaques lui ont valu d'être sèchement repris par des parlementaires de la droite et du centre.
Dans le même temps, les réseaux sociaux se sont aussi enflammés. D'une part vis-à-vis des propositions de François Fillon pas toujours comprises, mais aussi vis-à-vis d'Alain Juppé qui fait l'objet d'une violente campagne de bashing. En quelques jours, bon nombre d'intox et de polémiques ont ainsi pris de l'ampleur.
Au surlendemain du premier tour, Alain Juppé a demandé à François Fillon de "clarifier" sa position sur l'interruption volontaire de grossesse. Des propos qui font directement référence à une déclaration de François Fillon en juin dernier, lors d'une réunion publique à Aubergenville (Yvelines) : "J'ai écrit [dans mon livre] que l'avortement était un droit fondamental. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Ce que je voulais dire, c'est que c'est un droit sur lequel personne ne reviendra. Philosophiquement et compte tenu de ma foi personnelle, je ne peux pas approuver l'avortement". Des internautes ont alors pensé que l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy souhaitait interdire l'interruption volontaire de grossesse.
Pourtant, le sujet n'est nullement abordé dans son programme disponible sur son site officiel, que ce soit dans la partie santé ou celle consacrée à "la liberté des femmes". En fait, bien qu'il soit soutenu par le mouvement Sens Commun opposé à l'IVG, François Fillon a déjà expliqué à plusieurs reprises sa position et indiqué qu'il n'était pas question de la moindre interdiction. "Je n'ai pas à m'expliquer sur mes convictions religieuses. Je suis capable de faire une différence entre ces convictions et l'intérêt général", expliquait-il le 20 octobre dernier sur France Info. Puis dans L'Émission politique de France 2, il a fermement ajouté : "Jamais personne, et certainement pas moi, ne reviendra sur l'avortement".
Comparé à Margaret Thatcher, François Fillon ne cache pas son attrait pour la politique menée par celle qui fut aux commandes du Royaume-Uni entre 1979 et 1990. Sur l'antenne d'Europe 1, il n'a ainsi pas hésité à défendre avec ténacité le bilan de la Première ministre britannique. Lorsque son interlocuteur lui a assuré que chômage et les inégalités s'étaient accrues durant son mandat, François Fillon a rétorqué : "C’est à mourir de rire. Mme Thatcher est celle qui au contraire a fait redémarrer l’industrie britannique".
Mais comme le remarque Libération, tous les indicateurs statistiques montrent l'inverse. À l'arrivée de Margaret Thatcher en 1979, le taux de chômage se situait à 5,3%. Il a grimpé à 7,3% à son départ en 1990. Quant au taux de pauvreté, il s'est envolé. Quand 13,4% de la population se trouvait sous le seuil de pauvreté, le pourcentage s'élevait à 22,2% en 1990.
L'intox n'a pas été relevée par les journalistes du débat mais elle n'a pas manqué d'indigner la Toile. Dans la deuxième heure du dernier débat de la primaire de la droite, organisé jeudi 24 novembre, François Fillon s'est exprimé sur sa vision de l'enseignement scolaire. Partisan d'une réécriture des programmes d'histoire pour mettre en place un "récit national", l'ancien premier ministre a affirmé que les élèves d'aujourd'hui n'étudiaient plus certains grands noms de l'histoire tels que Clovis, Voltaire et Rousseau. La réalité est pourtant bien éloignée de cette affirmation. Les programmes scolaires de cette année montrent notamment que l'histoire du Roi des Francs est bien enseigné dès la CM1, tandis que Voltaire est évoqué lors de l'étude des Lumières en 4e.
Lundi 21 novembre, au lendemain du premier tour, François Fillon était l'invité du 20 heures de TF1. L'occasion pour lui de s'en prendre au programme d'Alain Juppé, et notamment sa proposition sur les 35 heures : "Il faut revenir sur les 35 heures, mais pas seulement comme le propose Alain Juppé pour les salariés du privé".
Pourtant, le maire de Bordeaux indique clairement dans son programme qu'il est en faveur d'une sortie des 35 heures pour tous les salariés. "Augmentation du temps de travail appliquée à la fonction publique", peut-on lire dans la partie "libérer le travail" de son plan de "cinq ans pour l'emploi".
Au micro de RTL, mercredi 23 novembre, Alain Juppé s'est agacé de "l'odieuse campagne" de bashing dont il fait l'objet sur les réseaux sociaux. Bon nombre de ces attaques reprennent notamment le surnom "Ali Juppé" pour blâmer ses liens prétendus avec l'islam politique et radical. "On m'a d'abord accusé d'avoir construit à Bordeaux une gigantesque mosquée qui n'existe pas. Ensuite on m'a rebaptisé, si je peux utiliser ce terme, 'Ali Juppé', le grand mufti de Bordeaux".
Ces rumeurs, grandement relayées par des internautes de la fachosphère, s'appuient sur un projet lancé dans les années 2000 de centre culturel et cultuel musulman. Alain Juppé, maire de Bordeaux, ne s'était pas opposé au projet, ce qui lui avait valu d'être accusé de vouloir construire une mosquée avec des fonds étrangers.
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