238 personnes sont décédées du terrorisme en France depuis janvier 2015. Un chiffre auquel s'ajoutent des centaines de blessés. Une vingtaine de victimes du 13 novembre étaient encore hospitalisées à la fin de l'année dernière. La lutte contre le terrorisme est un enjeu majeur dans notre société actuelle, une problématique délicate qui prend racine à travers des causes multiples. Un thème crucial pour celui ou celle qui sera à la tête du pays à partir du 8 mai prochain. Mais pas seulement. Un défi essentiel, vital, pour les décennies à venir.
Le sujet n'est donc pas mis de côté pendant cette campagne pour l'élection présidentielle de 2017. Lors du débat du 4 avril dernier, les onze candidats à la fonction suprême ont présenté les mesures qu'ils comptent appliquer pour lutter au mieux contre le terrorisme et tenter d'éradiquer ce fléau meurtrier de notre société. Elles sont multiples, à la fois nationales et internationales.
Dans son programme en ligne, la candidate du parti Lutte ouvrière (LO) met l'accent sur ceux qu'elle voit comme les principaux coupables du terrorisme. Pour elle, il s'agit d'abord de guerres aux Moyen et Proche-Orient "pour le pétrole", "pour le profit et jamais dans l'intérêt des peuples".
Lors du Grand Débat qui opposait pour la première fois la totalité des candidats à l'élection présidentielle, mardi 4 avril, Nathalie Arthaud a donc milité pour l'arrêt des "interventions impérialistes" menées pour "les grands groupes".
Et si elle avoue ne pas avoir de solution particulière pour faire face aux retours des Français partis faire le jihad, elle assure avoir "des solutions pour changer cette société malade". "Il faut dénoncer ceux qui dominent aujourd'hui", à savoir, "les grands groupes capitalistes".
Peu de lignes dans son programme, seulement cette formule peu détaillée : "Lutter contre toutes les formes de terrorisme". C'est ainsi que François Asselineau aborde la question dans la version PDF de son plan de bataille. Peu d'éléments donc, mais il a pu expliquer davantage sa position lors du débat.
Son premier objectif, c'est de s'occuper du budget de la Défense. Nombre de candidats ont misé sur cette option lors de leur confrontation télévisuelle partant du principe que le budget de l'armée et le nombre de militaires ont tous deux été amputés dans les dix dernières années. Le candidat de l'Union populaire républicaine (UPR) souhaite donc "réhabiliter le budget de la Défense nationale" pour le faire remonter "d'ici la fin du quinquennat à 3% du PIB".
La décision qui le distingue le plus de ses concurrents, c'est sans doute la solution de la sortie de l'Union européenne, et surtout de l'OTAN et ainsi que la France ne dépende plus d'autres pays pour intervenir sur des conflits et puisse se retirer. François Asselineau milite également pour mettre un "terme avec toute complaisance avec l'émirat du Qatar ou avec l'Arabie Saoudite".
Comme nombre des candidats à l'élection, celui de Debout la France mise, pour lutter contre le terrorisme, sur le renseignement et propose donc de "doubler le budget dédié".
Davantage de militaires aussi et des policiers autorisés à porter l'arme "24h/24 et 7j/7", intensifier la lutte en Syrie, Irak et Libye, ou encore un "véritable contrôle des frontières nationales et dénoncer les accords de Schengen", font aussi partie de ses propositions, comme détaillé dans son programme en ligne. Nicolas Dupont-Aignan insiste aussi sur l'engagement de "donner les moyens d'agir aux renseignements" ainsi "qu'améliorer leur efficacité".
Mais le candidat à la présidence se différencie par sa proposition de "charte signée par les imams de France". "Soit ils respectent la charte, soit, s'ils sont étrangers, ils sont expulsés pour empêcher les prêches de haine", annonce-t-il sur BFMTV et CNews, ne précisant pas ce qu'il adviendrait des imams français qui ne respectent pas la charte.
Jacques Cheminade ne fait pas le même constat que les autres candidats. Pour lui, la France n'a "jamais vraiment fait la guerre à Daesh" car elle n'a jamais "poursuivi le trafic pétrole, de drogues".
Et pour éviter d'enliser les situations après les interventions, le candidat malheureux de 2012 prône une "politique de développement économique dans les régions" et ce de manière "coordonnée contre le terrorisme avec Poutine et Trump", a-t-il annoncé mardi soir tout comme son souhait de créer "chez nous un ministère de la Coopération, du co-développement et de l'intégration."
Côté sécurité intérieure, Jacques Cheminade développe ses intentions dans son programme en ligne : améliorer le renseignement, 10.000 places de prison supplémentaires, un service militaire ou civile de 6 mois ou encore "l'interdiction des jeux vidéo violents et pénaliser plus lourdement la consultation répétitive de sites jihadistes".
Le candidat Les Républicains a insisté pendant le débat sur le caractère "totalitaire" de la menace terroriste aujourd'hui. C'est pourquoi, il préconise une "alliance la plus large possible" à l'international "car la France n'a pas les moyens ni la vocation à être le gendarme du monde".
Pour le renseignement, le candidat de droite souhaite "renforcer les coopérations au niveau européen via notamment Europol et Eurojust (l'unité de coopération judiciaire de l'UE, ndlr)", peut-on lire dans son programme.
Au plan national, François Fillon propose d'"empêcher les jihadistes partis en Syrie de revenir", de "retirer la nationalité à toute personne qui tourne les armes contre son pays", de "juger ceux qui sont coupables d'intelligence avec l'ennemi" - faisant référence au groupe Lafarge - soupçonné d'avoir continuer de faire du trafic avec Daesh - d'expulser "les étrangers qui représentent une menace pour la sécurité nationale" et de "dissoudre les organisations qui appellent à la destruction de notre société et de nos valeurs, c'est-à-dire les organisations qui se réclament des salafistes et des frères musulmans."
"En Russie, où les libertés publiques sont bien moins garanties qu'en France, ça n'empêche pas les attentats", introduit Benoît Hamon lors du débat. Le candidat du Parti socialiste entend ainsi démontrer que l'état d'urgence n'est pas utile pour lui. Ce sur quoi il veut mettre l'accent, c'est le "rassemblement" contre la division.
Concrètement, plus de moyens financiers et humains pour la police, porter à 2% du PIB le budget alloué à la Défense nationale, des "poursuites pour les personnes ayant participé à des camps d’entraînement terroriste à l’étranger, interdiction du territoire des suspects candidats au djihad"... Renforcer le renseignement et en améliorer la coordination sont aussi dans son projet.
En revanche, il s'est positionné contre le service militaire expliquant que ces derniers, comme l'a montré l'épisode à Orly, sont des cibles. "Si demain on rétablie le service militaire obligatoire attention à ce que de jeunes Français et Françaises ne deviennent pas des cibles (à leur tour)".
"Je veux retirer les armées du Proche-Orient tout de suite, elles n'ont rien à y faire." Voilà ce que Jean Lassalle pense de la situation à l'étranger. Pour lui, la solution passera par une "initiative diplomatique". Mardi 4 avril face à ses adversaires, le candidat encore peu connu a indiqué vouloir créer une "quatrième armée", celle de la cybercriminalité.
Il est le seul a avoir évoqué le lien entre le terrorisme et les banlieues. Pour lui, le crime ne prend pas racine qu'à l'étranger, en Syrie ou en Irak, mais "aussi dans les banlieues que j'ai visitées notamment entre 1 heure et 5 heures du matin. Il y a parmi nous des enfants en France, qui sont nés en France, et qui veulent mettre un terme à notre civilisation. Il y a un énorme travail à faire de ce côté-là."
Pour la candidate du Front national, la priorité est de "retrouver nos frontières" car, pour elle, "c'est impossible de lutter contre le terrorisme si on ne sait même pas qui rentre dans notre pays ou qui en sort pour aller chercher des armes et commettre des attentats chez nous". Elle prend alors l'exemple de certains terroristes du 13 novembre qui ont réussi à passer en France en se dissimulant dans les flux de migrants.
"Redonner des moyens à notre police et notre armée" ainsi que "remonter le budget de l'armée" fait aussi partie de ses intentions, notamment créer 15.000 postes de policiers et gendarmes.
Enfin, comme indiqué dans son programme et comme elle l'a répété lors du débat, Marine Le Pen entend lutter contre le terrorisme en "brisant les réseaux fondamentalistes islamistes." "La France est une université des jihadistes", affirme-t-elle. Pour lutter contre ce constat qu'elle fait, Marine Le Pen veut "fermer les mosquées extrémistes recensées" ou encore appliquer "la déchéance de nationalité" et "rétablir l'indignité nationale", notamment.
Emmanuel Macron n'aborde pas tellement le sujet dans son programme, disponible sur Internet. Il a donc profiter du débat pour exposer ses idées. À commencer par ce qu'il appelle une "task force permanente". Une sorte de cellule auprès du président de la République "qui permet de suivre en permanence les informations dont nous disposons sur Daesh et toutes celles et ceux qui peuvent nous menacer", a-t-il expliqué. Toutefois, selon Le Monde, "un coordinateur national du renseignement, qui dépend de l’Elysée, existe" déjà.
Comme d'autres candidats, il met l'accent sur la reconstruction d'un renseignement territorial, "organiser les choses différemment et améliorer le travail commencé, avec 10.000 policiers et gendarmes engagés". Le candidat de En Marche ! propose aussi de construire une cyberdéfense. Là aussi, d'après le ministère concerné, elle est déjà parmi les priorités du gouvernement actuel.
Enfin, Emmanuel Macron entend poursuivre les interventions dans le Sahel, au nord Mali, pour "éradiquer la menace à son origine."
Côté international, Jean-Luc Mélenchon n'a jamais caché sa défiance à propos de l'interventionnisme des pays à l'étranger. En ce qui concerne la Syrie, il indique donc naturellement que c'est "aux Syriens de décider de l'avenir de leur pays". Dans son projet en ligne, le candidat milite tout de même pour une "stratégie globale de lutte contre Daesh" avec "la création d'une coalition universelle sous l'égide de l'ONU" mais "ciblant les composantes économiques". Car en ce qui concerne les guerres qui fracturent la région, le candidat de La France insoumise y voit "des batailles pour l'accès aux matières premières" et pour lui "tout le reste, se sont des histoires, et notamment des histoires de religion."
En France, Jean-Luc Mélenchon a assuré vouloir "sortir de l'état d'urgence permanent, quitte à, peut-être, y revenir à un autre moment". La prévention est aussi dans ses points pour lutter contre le terrorisme avec "la lutte raisonnée contre l'embrigadement".
Enfin, il insiste sur le fait de développer "le renseignement humain et ne pas sombrer dans l'illusion technique". Surtout, le candidat de l'extrême gauche, en accord avec François Fillon, veut faire des "complices" un exemple, prenant l'exemple du groupe Lafarge, qui, selon lui, doit faire l'objet d'une "décision exemplaire".
Sans surprise, Philippe Poutou et le Nouveau parti anticapitaliste se positionnent contre la police armée et l'état d'urgence, qui, selon le candidat, favorisent la méfiance entre la population et la police ainsi que les bavures rappelant les histoires sensibles actuelles concernant l'affaire Adama Traoré ou encore celle de Liu Shao.
"Notre solution est d'arrêter les interventions militaires qui aggravent la situation des peuples, la misère, et qui fait qu'aujourd'hui ça renforce l'immigration (...) C'est l'accumulation d'interventions militaires crapuleuses qui sont responsables de la situation. Il faut arrêter les ventes d'armes à des pays comme le Qatar, l'Arabie Saoudite, dont on sait qu'ils sont les financeurs du terrorisme international."
Le premier tour de l'élection présidentielle se déroulera le 23 avril prochain. Le second tour, deux semaines plus tard, le 7 mai 2017.
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