Il y a un an, Manuel Valls était premier ministre. On lui promettait même une victoire présidentielle. Huit mois plus tard, il est devenu un député élu sur le fil qui a du mal à se faire une place à l'Assemblée nationale. Jamais dans l'histoire de la Ve République, un premier ministre ne s'est retrouvé dans une situation pareille. Le seul qui s'en approche un peu, c'est Dominique de Villepin qui a d'ailleurs quitté la vie politique depuis. Pour Manuel Valls, c'est un parcours très singulier.
Alors comment en est-il arrivé là ? Il est certain qu'il a accumulé les maladresses et les brutalités. Il n'a pas pu s'empêcher d'avancer en étant cassant, dur et arrogant. On lui a souvent reproché de ne pas avoir le sens du compromis, de ne pas négocier, de vouloir imposer. Et pourtant, Manuel Valls c'est quelqu'un qui ne manque pas de qualités.
Il a vu le PS se fracasser dans le mur avant les autres. Il a vu les fractures de la gauche avant les autres, quand il théorisait les "deux gauches irréconciliables". Il a eu un discours sur le terrorisme et la laïcité plus vigoureux et plus net que les autres. Il était sur la ligne Macron, avant Emmanuel Macron. Mais c'est son côté matamore qui l'a pénalisé. À tel point qu'un 49.3 utilisé par Valls a paru plus brutal qu'utilisé par Rocard.
C'est donc de sa faute ? C'est là que l'on trouve que ça va un peu trop loin. Encore une fois, il a été souvent maladroit. Mais de là à en faire un pestiféré, c'est assez déraisonnable. Susciter un tel degré de haine en quelques mois, c'est démesuré. Quand vous pensez qu'il y a deux ans et demi à peine, tous les députés de l'Assemblée l'applaudissaient à tout rompre, tous debout, lors de son discours après les attentats, vous vous demandez si c'est bien du même homme que l'on parle aujourd'hui.
Là il se retrouve, méprisé par les amis de Macron, excommunié par les socialistes qui le qualifient de traître, haï par les mélenchonistes. Comme si tous les défauts de François Hollande, c'est Manuel Valls qui les incarnait. Comme si Manuel Valls était seul responsable du renoncement de l'ancien président, seul responsable du fiasco du quinquennat qui vient de s'achever. Il y a certes sa part. Mais de là à le désigner comme l'unique comptable de l'échec et le traître absolu ! Notez que s'il avait fallu faire payer à tous les socialistes leur trahison, il n'y aurait plus de socialistes.
En fin de compte, Manuel Valls paie tout à la fois son caractère autoritaire bien sûr, cinq ans de "Hollandisme", mais aussi le fait d'avoir touché là où ça fait mal, d'avoir mis le doigts sur le chamboule-tout qui s'annonçait. Il était sur la fissure au moment du tremblement de terre.
Au final, il ne sera pas seul au Palais Bourbon. Il va visiblement se raccrocher aux branches de quelques ex-PS, d'anciens écolos et de radicaux de gauche pour former un groupe de centre gauche. En tout cas il devrait échapper (de justesse) au statut de "non inscrit", ces députés qui n'ont pas de groupe, pas beaucoup de moyen et pas beaucoup d'exposition. Ceux que l'on surnomme les "fantômes" de l'Assemblée. À lui de prouver qu'il peut exister autrement.
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