Tous parlent pour cette journée (cette nouvelle "Fête à Macron") d'"urgence sociale", d'"installer un rapport de force", de "faire vaciller" le gouvernement. Problème : même avec plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues, on ne voit pas le chef de l'état faire le moindre geste.
Il n'y a rien à discuter tellement tous les oppose. La culture de la négociation n'existe ni du côté des manifestants (ils rejettent tout), ni du côté du gouvernement (qui estime qu'il a raison de faire ce qu'il fait). Ce n'est même pas un dialogue de sourds. Ce sont deux mondes parallèles qui ne partagent rien. Et comme les études d'opinions indiquent au mieux une adhésion des Français aux réformes, ou au pire une résignation, difficile de voir ce qui peut bouger.
Mais alors, qu'est-ce qui motive ces organisations à se mobiliser ? Elles jouent sur plusieurs tableaux. Tous rejettent la politique d'Emmanuel Macron. Pour certains, ils entretiennent l'idée que son élection au second tour face à Marine Le Pen est "une effraction" - comme l'a dit lui-même le Président -, qu'il n'a pas le mandat pour les réformes qu'il est en train de mener. Ils oublient tous (volontairement) les élections législatives qui sont venues confirmer ce choix.
Le gouvernement a aussi un peu alimenté cette contestation. Quelques maladresses, et parfois un peu de provocation, n'ont rien arrangé. Emmanuel Macron réussit donc cet exploit de faire basculer la CGT dans le combat politique pur et dur. Enfin une partie de la CGT ! Puisque son numéro un, Philippe Martinez, n'a pas l'air chaud pour l'instant. Mais il est dépassé par sa base qui, dans de nombreux endroits, fait ce qu'elle veut.
Cette alliance fait voler en éclats pas mal de principes. Cela fait des décennies que les syndicats ont pris leur distance avec les partis politiques. Là, la CGT, FSU, Solidaires et l'Unef retombent dedans. La CFDT, FO et l'Unsa gardent, eux, leur distance.
Rejoindre le mouvement du 26 mai ressemble plus à un sauve-qui-peut pour la CGT
Olivier Bost
Faut-il y voir l'émergence d'une nouvelle opposition, ou au contraire le signe d'une certaine faiblesse ? Un peu des deux. Il se passe plusieurs phénomènes en même temps. C'est vrai que cette alliance de cinquante organisations pour une seule et même journée dans la rue montre que les mécontentements s'agrègent un peu pour faire face à qu'ils appellent "l'urgence sociale". Auront-ils plus de force ? On verra le 26 mai à Paris, Marseille, Toulouse, etc.
Ils s'agrègent aussi, parce qu'ils ont tous montré des faiblesses. La France insoumise (on en a déjà parlé) à raté son troisième tour social à la rentrée dernière. Elle n'arrive pas à entraîner les jeunes dans les facs et n'arrive pas à dépasser le cercle de ses partisans les plus fidèles.
La CGT perd du terrain, des militants et des élections professionnelles. Pour elle, rejoindre ce mouvement du 26 mai ressemble plus à un sauve-qui-peut. Une façon de retrouver un nouvel élan, de se recoller à la contestation.
Si ces contestations ne portent pas, c'est parce que le gouvernement applique une technique maintenant bien rodée. Il commence par dire que tout marche mal. La SNCF marche mal, les services publics fonctionnent mal, il y a trop de chômage. C'est un constat.
Ce sont des évidences qui, une fois admises et partagées, permettent ensuite de passer à l'action, de faire accepter l'idée que ça bouge et qu'il faut réformer. Comme les solutions, elles, ne sont pas partagées avant, c'est là que ça coince. Mais l'opinion, elle, reste sur le constat.
Voilà pourquoi toutes ces organisations, aussi nombreuses sont elles le 26 mai, sont dépassées par l'habilité du gouvernement. Elles sont donc aussi obligées de se réinventer. Elles ont concocté une formule inédite : "une marée humaine festive" dans dix jours. Et ce sera bien toujours pour faire "la fête à Macron".
Les deux côtés veulent leur victoire. Il n'y aura pas de victoire. L'issue d'une telle mobilisation est donc encore bien incertaine.
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