La première semaine d'exercice d'Emmanuel Macron à la présidence de la République a été marquée par sa communication, ou plutôt sa non-communication. Cette semaine, nous n'avons pas beaucoup entendu la voix d'Emmanuel Macron. Cela est conforme à son souhait d'une présidence jupitérienne comme il l'a lui-même qualifiée, c'est-à-dire le retour à une forme de rareté de la parole présidentielle. Une conception Mitterrandienne, à l'opposé de celle de François Hollande.
Durant ces cinq dernières années, le prédécesseur d'Emmanuel Macron a multiplié les prises de parole et adorait la compagnie des journalistes, au point de tout leur confier dans un livre qui a finalement beaucoup contribué à son renoncement. Emmanuel Macron semble en avoir tiré une leçon : il veut faire tout l'inverse, doser sa parole. En fait, le chef de l'Etat n'entend pas se mettre au diapason des chaînes d'information.
Si mesurer le flux est salutaire, vouloir le contrôler est arbitraire. L'image présidentielle par exemple est extrêmement contrôlée. À défaut de parler, on voit beaucoup le chef de l'État à la Une des magazines et notamment de Paris Match, encore dans sa dernière livraison. Mais le nouveau président va encore plus loin : les rédactions sont montées au créneau mercredi 18 mai, lorsqu'elles ont appris que l'Elysée entendait choisir les journalistes chargés de couvrir son actualité. On savait qu'Emmanuel Macron s'inspirait de François Mitterrand, un peu moins de Donald Trump. Depuis, toutefois, l'Élysée semble avoir mis de l'eau dans son vin.
Cette stratégie de communication contient ses propres pièges. D'abord parce que vouloir tout maîtriser nourrit une suspicion naturelle : "qu'a-t-on à cacher ?", s'interroge-t-on. Quant à la parole rare, Emmanuel Macron a compris que les Français avaient besoin d'un retour à une solennité, d'une certaine hauteur présidentielle qui a manqué au quinquennat précédent. Tout est affaire de savant dosage : rester trop en retrait, trop éloigné, peut être interprété comme une indifférence du chef de l'État. C'est tout de même à lui, in fine, que les Français demanderont des comptes, parce qu'il est le seul de l'exécutif à être élu au suffrage universel.
Un risque politique plane également sur cette réserve, car les députés de La République En Marche qui seront élus aux législatives en juin dépendront d'abord du chef de l'État : c'est lui qui porte leur démarche novatrice. D'habitude, institutionnellement, c'est le Premier ministre qui est chef de la majorité. Mais dans les faits - si Emmanuel Macron obtient la majorité à l'Assemblée nationale - il en sera le premier pilote : les investitures viennent directement de son mouvement, donc de lui. En cas d'absence trop forte, d'effacement, Édouard Philippe pourrait aussi prendre la lumière à sa place, lui voler la vedette. Et ce ne serait pas nouveau. Sous la Ve République, la concurrence entre les deux têtes de l'exécutif est un grand classique.
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