Loi Travail : "Le meeting du gouvernement, c'est la quatrième dimension", s'insurge Alba Ventura

Les socialistes étaient en meeting mercredi 8 juin au soir à Paris. Honnêtement, on ne voit pas à quoi ça sert. Voilà un parti qui organise un meeting pour "ressouder" les socialistes, alors que le 49.3 en a échaudé plus d'un, et alors que 60 "frondeurs" se préparent en coulisse à dégainer une motion de censure lorsque le texte reviendra à l'Assemblée en juillet. La dernière fois, il avait manqué deux petites voix pour déposer cette motion de censure.

Voilà un gouvernement socialiste qui participe à ce meeting pour crier haut et fort que cette loi Travail c'est le progrès social, alors qu'il est empêtré dans les grèves. Nous en sommes à la neuvième journée de grève à la SNCF. Bientôt ce sera au tour des pilotes. Dans certaines villes, on croule sous les poubelles en raison du mouvement des éboueurs. Les syndicalistes, même si leurs revendications ne concernent pas toujours la loi Travail, menacent de bloquer l'Euro de football qui commence le 10 juin.
C'est à se demander si le gouvernement ne cherche pas à mettre encore un peu d'huile sur le feu, à défier ceux qui n'ont pas encore totalement lâcher les armes, c’est-à-dire les grévistes et les "frondeurs".

Le résultat, c'est "Au secours le PS est au pouvoir"

Non seulement ce meeting n'était pas opportun, mais il est totalement déplacé. Surtout de la part des membres du gouvernement. Que le Parti socialiste organise un meeting, c'est normal au moment où le texte va être examiné par le Sénat, dont on dit qu'il va droitiser la loi El Khomri. Le PS est dans son rôle. Mais que trois ministres, dont le premier d'entre eux, Manuel Valls, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, et la ministre du Travail tiennent meeting, dans le contexte que l'on connait, c'est de la quatrième dimension.

Qu'une partie du gouvernement participe à un meeting pour dire "attention, voyez ce que vous risquez si la droite revient", c'est hallucinant. Quand vous y réfléchissez deux secondes : faire un meeting contre un prétendu retour de la droite au pouvoir, il n'y a pas pire comme aveu de faiblesse. Un gouvernement ne tient pas meeting. Un gouvernement gouverne. Un gouvernement est mobilisé. Un gouvernement est sur tous les fronts, même si la mobilisation est en train de faiblir. Si l'idée c'était de faire un meeting pour dire "Au secours la droite revient", le résultat c'était plutôt : "Au secours le PS est au pouvoir".