Primaire Les Républicains : "François Baroin, ou la revanche du serpent à lunettes", analyse Alba Ventura

François Baroin a officiellement apporté son soutien à Nicolas Sarkozy pour la primaire de la droite. C'est donc un chiraquien "historique" qui rejoint la Sarkozye. C'est même plus que ça : François Baroin était quasiment le fils adoptif de Jacques Chirac. Qui aurait parié il y a trente ans sur cet attelage ? Pas grand monde. Mais cela dit, François Baroin et Nicolas Sarkozy ont appris à travailler ensemble depuis plusieurs années maintenant, que ce soit à l'UMP ou au gouvernement. Ils se sont rapprochés au moment de la crise où Baroin trouvait que Sarkozy était un leader. François Baroin avait déjà dit à l'époque qu'il était "sarko-compatible".

Évidemment, il ne faut pas sous-estimer que dans cette affaire il y a une rancune particulièrement tenace de l'ancien fils adoptif envers "le meilleur d'entre nous", Alain Juppé. C'est la revanche du serpent à lunettes. C'est la revanche du jeune chiraquien viré du gouvernement en 1995 par Alain Juppé, qu'il accuse aussi d'avoir appuyé la candidature de Bruno Le Maire plutôt que la sienne pour remplacer Christine Lagarde à Bercy.
Devant les journalistes, François Baroin n'a jamais caché la détestation que lui inspire Alain Juppé. "Il nous a toujours ignorés, il n'a aucune reconnaissance, il n'a pas fait prospéré l'héritage Chirac", dit-il. Pour enfoncer le clou, François Baroin estime que Juppé est peut-être "le préféré" (sous-entendu de Chirac), mais il n'est pas le meilleur".

Un attelage fragile

Que pèse ce ralliement ? François Baroin est le président des maires de France. Tous les maires ne sont pas de droite, mais c'est quand même un réseau. C'est un réseau au Sénat, où Nicolas Sarkozy n'a pas beaucoup de soutiens. Dans le camp Sarkozy, on veut croire qu'il ramènera de nombreux chiraquiens vers Nicolas Sarkozy. Il peut aussi être un rempart à Bruno Le Maire, en incarnant le renouveau.

C’est potentiellement aussi celui qui peut dire à Nicolas Sarkozy qu'il va trop loin. Le patron des Républicains explique que Wauquiez c'est sa jambe droite, et Baroin sa jambe gauche. Il nous avait déjà fait le coup avec Nathalie Kosciusko-Morizet. La réalité, c'est que le pied d'appui de Nicolas Sarkozy c'est plutôt le pied droit. C'est toute la fragilité de cet attelage. L'un ne pense pas comme l'autre, surtout quand il s'agit de parler d'identité ou de laïcité. Qu'en sera-t-il dans quelques mois des désaccords entre le laïc convaincu et le défenseur des racines chrétiennes de la France ? Ça risque de grincer.