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Impôts : "Attention à ne pas trop vous comporter en riche !", prévient Alba Ventura
ÉDITO - Le gouvernement est ouvert à la possibilité de taxer certains "produits ostentatoires", comme les yachts et les voitures de luxe.
Un yacht passe devant la cote d'Azur en mai 2017 (Illustration)
Crédit : action pres/Shutterstoc/SIPA
La réforme de l'Impôt sur la fortune provoque des tensions au sein de la majorité. Le projet prévoit de ne surtaxer que la richesse immobilière. Mais certains, comme le ministre du Budget Gérald Darmanin, souhaiteraient aussi taxer les produits "ostentatoires", comme les yachts ou les jets privés. Cachez ces signes ostentatoires de richesses que nous ne saurions voir ! Et surtout laissons l'argent aux plus riches, mais faisons en sorte qu'ils ne le montrent pas ! Il y a un peu de démagogie dans ce que dit Gérald Darmanin. Car soit on taxe toute la fortune (comme avant), soit on décide de ne taxer que l'immobilier (comme cela a été annoncé par Emmanuel Macron pendant la campagne et mis en oeuvre par le gouvernement) et on ne surtaxe pas les produits de luxe.
On voit bien quel sujet agite le ministre du Budget, par ailleurs ancien directeur de campagne de Nicolas Sarkozy. C'est l'accusation de "président des riches", comme Nicolas Sarkozy en son temps avec le bouclier fiscal. Mais l'accusation elle existe sans même évoquer les produits de luxe. À partir du moment où vous enlevez de l'impôt aux plus fortunés, vous êtes taxé de "président des riches".
Le ministre parle de produits "ostentatoires". Mais qu'est-ce qui est ostentatoire ? Jusqu'où ça va ? Un yacht : OK, c'est ostentatoire. Une Ferrari, on voit bien. Mais le gros caillou que madame porte à la main droite, est-ce que c'est un signe ostentatoire ? Et la jolie montre de monsieur ? Et votre cave à vins remplies de grands crus ? C'est déjà compliqué en terme de religion, ce qui est ostentatoire. Alors imaginez en termes de richesse !
Cette volonté de surtaxer les produits de luxe c'est un rétropédalage. Ce n'était pas prévu comme ça. On sent d'ailleurs un flottement au sein du gouvernement. Il y a d'un côté les ministre de Bercy qui disent, chacun à leur manière, "oui il faudra trouver des taxations supplémentaires sur les produits de luxe, mais attention à ne pas ouvrir la boîte de Pandore". De l'autre, il y a le premier ministre Édouard Philippe qui, en coulisses, est droit dans ses bottes. Il assume sa réforme de l'ISF. Il estime d'ailleurs que ceux qui ont des yachts ou des jets payent déjà plus d'impôts que tout le monde.
Ce que montre en tout cas cet éternel débat en France, c'est que vous pouvez être riche, mais mieux vaut vivre endormi sur ses millions. Il y a 34 grands voiliers et 45 yachts immatriculés en France. Tout ça pour ça ! Cela nous rappelle la taxe à 75% de François Hollande. L'important c'était de s'en prendre aux riches, même si ça ne rapportait rien et que c'était impossible à mettre en œuvre. C'est ça la France : vous avez le droit d'être riche, mais attention à ne pas trop vous comporter en riche, attention à ce que cela ne se voit pas trop !
