Sidérée par l'attentat meurtrier contre Charlie Hebdo, la France s'est placée sous le signe de l'union nationale. L'absence du Front national à la "marche républicaine" organisée dimanche 11 janvier à Paris a été dénoncée Marine le Pen, qui affirme être exclue.
La machine à calculs politiques et à arrière-pensées s'est enclenchée à la vitesse grand V. L'émotion pure, ça passe vite. L'union sacrée, c'est furtif. Tout d'un coup, tout le monde s'est mis à réfléchir sur l'opportunité de s'afficher les uns avec les autres.
Tout d'un coup, le sujet ce n'est plus : comment montrer aux terroristes qu'on ne cédera pas et qu'on est une nation unie. C'est désormais : faut-il défiler avec le Front national ? Franchement, à côté de l'enjeu, c'est de la politicaillerie.
Les socialistes ont passé la journée de jeudi à se diviser pour savoir s'il fallait s'asseoir à côté du FN dans la manifestation, alors que François Hollande a prévu de recevoir Marine Le Pen à l'Élysée, comme tous les autres chefs de parti.
Au PS, on est fracturé dans tous les domaines. Vous avez clairement deux camps. Il y a ceux qui pensent qu'il ne faut pas entrer dans cette polémique. Et il y a ceux qui, comme Julien Dray - qui a combattu le FN toute sa vie comme co-fondateur de SOS Racisme, pour qui être lepéniste ou djihadiste c'est la peste et le choléra -, estiment que le parti de Marine Le Pen n'a pas sa place dans la manifestation. Très bien. Mais alors le Front national ne doit pas se présenter aux élections ?
On voit bien qu'on en revient toujours à un jeu de calcul politique. L'union nationale n'arrange pas tellement Marine Le Pen. Elle n'a pas très envie de défiler avec "l'UMPS". Ce n'est pas simple pour elle. Un parti qui se veut anti-système ne peut pas défiler avec le système.
L'union nationale n'arrange pas tellement Marine Le Pen
Alba Ventura
Comme femme politique, on ne peut pas totalement exclure chez elle une forme d'arrière-pensée. Elle joue les vierges outragées sur le mode : "On ne m'a pas convié à l'organisation de la manifestation". Elle prend le prétexte de ne pas avoir reçu de carton d'invitation.
Cela ne trompe personne. Il y a une volonté de de sa part prendre à témoin la France entière et de montrer qu'on ne veut pas d'elle. Elle veut être en marge, mais elle dénonce le fait d'être à la marge.
Marine Le Pen peut très bien aller défiler en tant que citoyenne. Elle peut même appeler les citoyens à aller manifester. C'est une manifestation de citoyens d'abord. C'est un élan citoyen. Il n'y a pas de liste d'invités politiques. Il n'y a pas de partis autorisés et de partis interdits de manifester. Cette manifestation n'appartient pas aux partis.
L'union nationale est-elle déjà morte ? Non. Dans la manifestation, il y aura beaucoup de monde et des gens qui n'ont jamais partagé un même mot d'ordre, une même pancarte. Ce n'est pas tous les jours qu'on voit Jean-Luc Mélenchon aux côté de Nicolas Sarkozy et François Bayrou.
Cette polémique sur le FN n'est pas à la hauteur de l'enjeu. Maintenant, il faut souhaiter que les citoyens soient là, nombreux, de toutes opinions, quel que soit leur vote. Il faut souhaiter qu'il y ait plus d'un million de personnes à la manifestation de dimanche. Il faut souhaiter qu'il y ait plus d'un million de personnes qui achètent Charlie Hebdo mercredi prochain.
Un souhait qui ne vaut pas que pour Charlie Hebdo. Il s'agit de témoigner de notre attachement à la liberté et de montrer qu'on peut être uni.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte