Élections historiques en Corse. Les dimanches 3 et 10 décembre, entre 8 heures et 18 heures, les 234.000 électeurs de l'île de Beauté sont appelés aux urnes pour des élections territoriales au caractère inédit. Elles donneront naissance le 1er janvier 2018 à une collectivité unique, qui remplacera les deux conseils départementaux de Haute-Corse et de Corse-du-Sud ainsi que la collectivité territoriale (CTC). Les 63 futurs élus de la CTU seront en poste jusqu'en 2021, date à laquelle les Corses revoteront, comme tous les Français, pour les élections régionales.
Depuis le 20 novembre, jour de l'ouverture de la campagne officielle, sept listes - depuis le retrait de la liste écologiste pour raisons budgétaires - sont en compétition. Sauf coup de théâtre, ce scrutin devrait renforcer les nationalistes, majoritaires à tous les échelons depuis les élections régionales de décembre 2015 et représentés à l'Assemblée nationale depuis juin 2017 par trois députés sur les quatre que comptent l'île.
Ces derniers sont pourtant divisés. Deux listes indépendantistes ont en effet été déposées en préfecture.
L'alliance victorieuse en 2015, scellée par l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse (Corsica Libera), et l'autonomiste Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la collectivité territoriale corse (Femu a Corsica) et maire de Bastia depuis 2014, est reconduite, "car la tentation de nos opposants de se mettre tous ensemble contre nous est encouragée par Paris", tranche Gilles Simeoni, candidat à sa propre succession, sur France 3.
"Nous avons voulu aller ensemble vers les Corses dès le premier tour, d'abord parce que nous avons été élus ensemble (avec 35,34% des voix au second tour, ndlr), et nous avons gouverné ensemble depuis deux ans." À l'initiative de la liste "Pé a Corsica" ("Pour la Corse"), les deux hommes forts du département entendent "obtenir dans les trois ans un statut d'autonomie" et "le mettre en oeuvre en dix ans." Les deux hommes ne parlent pas d'indépendance.
"Ce n'est pas comme la Catalogne", assure Gilles Simeoni dans les colonnes du Parisien. "Nous appelons de nos vœux un transfert de certaines compétences, pas du tout des pouvoirs régaliens, mais d'une partie de la fiscalité par exemple, pour mieux adapter l'utilisation des impôts aux besoins spécifiques de notre île. L'idée est de sortir d'une logique de subventions pour gérer nous-mêmes, dans une logique de responsabilité."
L'autre liste nationaliste, celle des indépendantistes d'U Rinnovu, espère séduire les déçus du duo Simeoni-Talamoni. Et veut aller plus loin qu'une autonomie de plein droit pour la Corse. "À l'inverse des autres nationalistes, nous pensons que la feuille de route ce n'est pas un statut d'autonomie, c'est la logique d'une souveraineté pleine et entière", explique à l'AFP Paul-Félix Benedetti, à la tête de la liste "Core in Fronte" ("Le cœur en avant"), qui promet aux insulaires un référendum d'autodétermination et veut "faire exister un vieux pays annexé par la France".
Alors que la liste menée par l'autonomiste modéré Gilles Simeoni et l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni a mis de côté la question de l'indépendance dans son programme, "Core in Fronte" la revendique haut et fort : "Ça ne fait peur à personne aujourd'hui, ce qui fait peur c'est le trouble qui existe en Corse, cette société à la limite d'une société mafieuse", assure "Paul-Fé", comme l'appellent ses amis, qui se présente pour la 6e fois à un scrutin territorial. Crédité de moins de 3% des suffrages en 2015, le petit parti espère cette fois rassembler les déçus de "Pé a Corsica", et notamment la jeunesse militante, pour dépasser les 5% et ainsi pouvoir être agrégés à une autre liste au second tour.
Une alliance entre les deux listes nationalistes est-elle possible après le premier tour ? Paul-Félix Benedetti en doute. "Nous avions proposé une union stratégique, Simeoni a préféré une alliance sans nous". Pour ce dernier, une union est possible à condition notamment que "le Rinnovu admette que la clandestinité est définitivement derrière nous".
Outre les nationalistes, les partis traditionnels candidatent eux aussi à cette élection sans intention aucune de mener un front républicain contre les nationalistes. La liste de La République En Marche est menée par Jean-Charles Orsucci, celle du Front national par Charles Giacomi. À droite, deux listes qui n'ont pas obtenu l'investiture Les Républicains s'opposent : l'une menée par Jean-Martin Mondoloni, conseiller territorial sortant, et l'autre par Valérie Bozzi, maire de Grosseto (Corse-du-Sud). Une alliance entre les deux listes de droite au soir du premier tour ne fait pas de doute.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la Corse insoumise et le Parti communiste font liste commune avec Jacques Casamerta en tête de gondole. Si l'alliance est soutenue par Pierre Laurent, secrétaire général du PCF, elle est dénoncée par Jean-Luc Mélenchon. "Des insoumis ont engagé une liste avec le PCF en Corse sans prendre aucun avis. Je ne soutiens pas cette initiative et condamne cette tambouille", tweetait en septembre le leader de la France insoumise. Dans un texte, publié sur son blog le 7 novembre, le député des Bouches-du-Rhône fulminait contre ce qu'il appelle "une misérable usurpation de notre sigle".
En revanche, ni le PS, ni le PRG de l'ex-député et homme fort de Haute-Corse Paul Giacobbi - condamné en première instance pour détournement de fonds publics en janvier 2017, une condamnation dont il a fait appel - ne seront représentés à ce scrutin.
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