Budget de la Justice : Jean-Jacques Urvoas entame un bras de fer avec Bercy

À quelques jours du débat à l'Assemblée nationale sur la réforme du Conseil supérieur de la magistrature, le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, tire la sonnette d'alarme. Le ministère de la Justice est en "état d'urgence absolu. Il n'a plus le moyen de payer ses factures", dit-il. Celui qui a remplacé Christiane Taubira est plutôt considéré comme un homme discret. Cette fois, Jean-Jacques Urvoas se lâche dans le Journal du Dimanche. Il décrit une Justice sinistrée, une justice à bout de souffle et va même jusqu'à prendre des exemples concrets comme un tribunal qui n'imprime plus les jugements car il n'y a plus d'argent pour acheter des ramettes de papier. 

Jean-Jacques Urvoas engage un bras de fer : il veut de l'argent pour son ministère et il le dit sans détour. Il avait déjà prévenu dès son arrivée, le jour où il a raccompagné sur le perron Christiane Taubira. Il n'aura le temps de mener un seul projet de loi : la loi de finances. Jean-Jacques Urvoas a rencontré Christian Eckert, le ministre du Budget. 

Le budget de la Justice augmente de 2% tous les ans, selon Bercy

La rencontre s'est bien passée mais le garde des Sceaux poursuit ses sorties dans la presse, ce qui agace Bercy qui rappelle que le budget de la Justice augmente de 2% tous les ans depuis 2012 et qu'il y a eu près de 5.000 embauches. Le problème, répète-t-on chez Jean-Jacques Urvoas, c'est que les moyens pour accompagner ces embauches n'ont pas suivi. Le ministère des Finances lui a promis de lui faire des propositions d'ici 10 jours. Il est donc inutile, dit Bercy, d'aller s'épancher dans les médias. Pleurer sur son budget publiquement est un jeu dangereux pour un ministre. Delphine Batto, ministre de l'Écologie, avait été débarquée pour cette raison après avoir perdu son bras de fer.