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Alba Ventura
Crédit : Elodie Grégoire
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Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de l'UMP, s'est finalement prononcé pour "l'abrogation" de la loi Taubira sur le mariage pour tous après avoir été chahuté pour avoir évoqué une simple "réécriture" de la loi, samedi 15 novembre à Paris, lors d'un meeting de l'association Sens commun.
Il peut toujours le promettre. On a quand même senti un petit vent "d'opportunisme" dans son annonce. Sans doute que, dans le feu de l'action, il a poussé le bouchon un peu loin.
Lorsqu'il dit "abrogation", ce n'est pas sa première intention. Au départ, Nicolas Sarkozy parle de "réécriture" de la loi Taubira. C'est ce qu'il dit déjà depuis plusieurs semaines, dans le but de remettre de l'ordre dans les règles de filiation. Mais s'il change de pied comme ça, c'est parce que les militants qui sont face à lui, ce sont des anti-mariage homo, affiliés à l'UMP, mais issus du mouvement de la Manif pour Tous. Ils s'apprêtent à voter comme un seul homme pour Hervé Mariton, le "monsieur anti-mariage homosexuel", à la présidence de l'UMP.
Comme Nicolas Sarkozy a besoin d'être élu confortablement, il lui faut grappiller les quelques petits pourcentage de voix que va faire Hervé Mariton. Voilà pourquoi il propose quelque chose autour de deux contrats de mariage : un pour les hétéros et un pour les homos.
Nicolas Sarkozy doit grappiller les quelques petits pourcentage de voix que va faire Hervé Mariton
Alba Ventura
Une question technique se pose. Si on abroge cette loi, cela veut dire que l'on aura des homo mariés (loi Taubira) et des homos mariés avec un contrat différent. Il y a une inégalité.
Ce qui est sûr, c'est que c'est toujours très compliqué dès lors que l'on touche aux libertés et aux droits individuels. D'ailleurs à l'UMP, même ses plus proches ont du mal à le croire. Christian Estrosi et Nathalie Koscuisko-Morizet n'ont pas caché qu'ils étaient contre l'abrogation. Valérie Pécresse dit carrément que c'est "humainement pas réaliste".
Il est très compliqué d'abroger en règle générale. Nicolas Sarkozy avait promis de le faire avec les 35 heures (c'était pendant la campagne de 2007, il voulait libérer le travail). Il y a eu des modifications, mais la durée légale du travail ça reste 35 heures. En 2010, la gauche aussi promettait d'abroger la réforme des retraites. Elle a mis un peu de pénibilité, mais elle n'est pas revenue sur la réforme Fillon. Si l'on doit évoquer des lois de "société", prenons le pacs : la droite avait hurlé à l'époque, mais personne ne l'a remis en question.
Quand on est dans l'opposition on promet souvent "d'abroger". Quand on est au pouvoir, on "aménage".
Nicolas Sarkozy veut faire plaisir à la frange la plus dure de l'UMP. Cela dessine une stratégie qui, on l'a bien compris, va bien au-delà de la présidence de l'UMP. Tout cela joue pour les primaires, où l'UMP devra se choisir son candidat pour 2017.
Dans l'opposition, on promet souvent "d'abroger". Au pouvoir, on "aménage"
Alba Ventura
Deux lignes s'esquissent. Sur la droite, Nicolas Sarkozy et François Fillon. L'ancien premier ministre, que certains surnomment "Margaret Thatcher", a fait des propositions très libérales économiquement et très fortes sur l'immigration. Au centre-droit, on trouve Bruno Le Maire et Alain Juppé, qui s'est prononcé la semaine dernière pour l'adoption par les couples homosexuels. Il va y avoir un vrai affrontement stratégique et même idéologique sur certains points.
Deux lignes, deux choix, un vrai débat : on ne peut que s'en féliciter.
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