Alba Ventura : "Hollande et la malédiction des impôts"

Un nouveau couac sur les impôts. Le secrétaire d'État au Budget, Christian Eckert, a déclaré jeudi 13 novembre sur RTL qu'on ne pouvait pas "graver dans le marbre" le fait qu'il n'y aura pas de hausse d'ici 2017. Il y a une semaine pourtant, François Hollande promettait le contraire. Alors, qui croire ?

- Faut-il croire Saint-François, qui nous jure, la main sur le cœur, qu'il n'y aura plus de hausses d'impôts ?
- Faut-il croire Saint-Christian (qui joue les Saint-Thomas, qui ne croit que ce qu'il voit), qui nous explique que, compte tenu du contexte international que nous ne maîtrisons pas, il vaudrait mieux ne pas s'avancer ?
- Faut-il être rassuré par Saint-Stéphane (Le Foll), qui nous dit : "Si, si c'est gravé dans le marbre" ? Rappelons que pour le porte-parole du gouvernement, la parole de Saint-François est parole d'Évangile.

Vraiment, on ne sait plus à quel saint se vouer. Ce cafouillage, encore une fois, est dévastateur pour François Hollande. La parole présidentielle doit être indiscutable. C'est quand même un secrétaire d'État qui contredit le président de la République !

Eckert dit la vérité

Ce que dit Christian Eckert est honnête. C'est, en tout cas, la vérité économique. Il a été rapporteur du Budget, il sait de quoi il parle. Certes il commet une faute politique, mais il dit la vérité. À Matignon, où l'on a souvent le vertige quand on met le nez dans les comptes, on n'était plutôt partant pour une hausse de la TVA à la rentrée.

Est-ce que on peut totalement exclure qu'en cas de gros pépin, le gouvernement ne viendra pas chercher un point ou deux de TVA ? Un petit rappel : un point de TVA, ça rapporte entre 7 et 8 milliards d'euros de recettes. L'impôt, on le sait, c'est toujours un équilibre à trouver entre la croissance et le budget. Que fait-on s'il n'y a pas de croissance ? Il n'y a pas 36 solutions. Soit on baisse les dépenses. Soit on augmente les recettes, et donc on augmente les impôts.

L'impôt, c'est toujours un équilibre à trouver entre la croissance et le budget

Alba Ventura

Par ailleurs si, comme le promet François Hollande, il n'y aura pas d'impôt supplémentaire, il y aura en revanche, en 2015, des hausses d'impôts.

Tout ce qui est voté en ce moment dans les textes budgétaires (les taxes sur les hôtels, les taxes sur les places de parking en Île-de-France, la taxe sur les résidences secondaires...), ce sera à payer l'an prochain.

Montagnes russes fiscales

François Hollande restera comme le Président qui a augmenté les impôts. Sauf si la croissance revient. Il n'est pas le seul à avoir créé un impôt ou une taxe à chaque problème. Souvenez-vous de la course aux taxes du gouvernement Fillon. François Baroin avait même reconnu que la "taxe soda" avait été créée non pas pour la santé des Français, mais pour faire entrer de l'argent dans les caisses.

L'ennui, c'est que cela fait trois ans que le gouvernement fait les montagnes russes avec la fiscalité. "Neuf Français sur dix seront épargnés par l'impôt", nous avait dit Jean-Marc Ayrault, avant que son ministre de l'Économie Pierre Moscovici nous parle du "ras-le-bol fiscal". "Il n'y aura pas d'augmentation en 2014", avait promis François Hollande, avant que Manuel Valls nous confie son "haut-le-cœur fiscal".

Dans un sondage Tilder/LCI/OpinionWay, 76% des Français ne croient pas que le président Hollande tiendra son engagement de ne pas augmenter les impôts d'ici à 2017. Vous savez ce que disait le bon Petit Père Queuille, l'ancien président du Conseil, à qui François Hollande est souvent comparé : "Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent". C'est la preuve qu'il n'y a plus grand monde qui écoute.