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Une unité pour détenus violents à Strasbourg
Crédit : Thomas Prouteau
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En immersion, RTL est allé constater à Strasbourg les premiers résultats de la création d'Unités pour détenus violents dans les prisons françaises. C’est la deuxième Unité de ce type à ouvrir depuis ce printemps, elles seront une quinzaine à terme.
La création des UDV avait été engagée suite à l’agression d’une équipe de surveillants de la prison de Vendin-le-Vieil en janvier 2018, qui avait déclenché un long mouvement de grève des gardiens. Les UDV combinent une sécurité renforcée et des moyens importants d'accompagnement des détenus qui visent à un "désengagement" des comportements violent et à éviter les passages à l’acte. Il s’agit autant de prévention que de la prise en charge de prisonniers ayant déjà commis des agressions physiques.
Principe central : ce programme de désengagement de la violence accueille uniquement des volontaires, pour une période de six mois. Autre précision importante : les UDV n’accueillent pas les prévenus ou les détenus condamnés pour terrorisme qui sont pris en charge dans d’autres structures dédiées (notamment les quartiers de prise en charge de la radicalisation).
À Strasbourg, pour atteindre cette nouvelle unité, il faut franchir plusieurs SAS et passer une lourde grille hermétique doublée de plexiglas. Chaque porte des huit cellules est équipée d'un passe-menotte qui permet de menotter systématiquement les prisonniers avant tout déplacement.
Devant l'une d'elles, encore vide, le surveillant chef Régis Bauer simule une entrée : "On s'assure dans un premier temps de la position de la personne détenue. Si elle est à distance raisonnable, on ouvre la trappe de menottage pour qu'elle nous présente ses mains dans le dos. Nous pouvons alors la menotter et ouvrir la porte. Après une palpation de sécurité par les agents, nous la véhiculons, par exemple sous la douche, ou vers la cabine de téléphone ou vers la salle d’activité". Pour limiter au maximum les déplacements hors de l’UDV, ces trois salles sont dans le même couloir, elles aussi équipées de passe-menottes.
Le quartier est entièrement conçu pour éviter la construction d'armes artisanales. Les lits, et les tables sont fixés au sol. Les chaises sont en plastique, les vitres couvertes d’une plaque de plexiglas. Plusieurs fois par jour, des contrôles des éléments mobiliers sont effectués. Le couloir est en outre équipé de vidéo-surveillance et les gardiens revêtent systématiquement des gilets pare-lames.
Mais l'objectif principal de l’UDV est le désengagement de la violence. Stéphanie Boyer, directrice adjointe de la prison : "Ce sont des personnes qui ont des profils violents mais on va travailler sur cette violence pour arriver à réduire cette violence. Quand on arrive à s’exprimer notamment, on ressent aussi moins de colère".
Deux détenus se sont déjà portés volontaires, tous les deux connus pour des menaces physiques ou verbales à répétition dans des prisons du Grand Est. Après quelques semaines dans l’UDV les deux ont franchi la première étape : ne commettre aucun incident. Du coup le menottage systématique est suspendu, il ne sera imposé de nouveau que en cas de problème.
Un des détenus en est son vingt-deuxième établissement pénitentiaire
Le surveillant chef Régis Bauer
Parmi les méthodes de réinsertion utilisées : l’art-thérapie ou encore la médiation animale déjà expérimentée à Strasbourg depuis 2008 dans les quartiers d’isolement. Le détenu apprend à gérer sa violence en s'occupant d’un animal, le plus souvent un chien un cochon d’Inde. La méthode a fait ses preuves selon tous les intervenants.
Pour le chef Bauer, concentrer un maximum de moyens sur des détenus à problèmes est essentiel. "Les personnes violentes par le passé, elles passaient d’établissement en établissement. Par exemple un des deux pensionnaires que j’ai, il en est son vingt-deuxième établissement pénitentiaire. C’est cela qu’on veut éviter, que ce soit son dernier".
La directrice de la prison de Strasbourg, Cathy Christophe se veut réaliste : on n'arrivera pas à supprimer la violence, dit-elle en substance, mais on peut essayer de l’éviter.
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