The Dø et Camp Claude illuminent la scène du Centquatre à Paris

The Dø a tué tous les doutes mardi 9 septembre lors de son premier concert donné après deux ans d’absence, répondant à toutes les questions qu’il était possible de se poser par un oui franc et massif. Est-ce un bon groupe ? Leur nouvel album est-il bon ? Faut-il aller les voir en concert ? Oui, oui et oui. 

En dix secondes, le duo franco-finlandais a jeté un filet irrésistible capable d'attraper n’importe quel fuyard fâché contre tout. Dans l’écrin idéal qu’était la petite salle 200 du centre culturel Centquatre à Paris, la foule s’est émue de la chaleur béate générée par The Dø, ce groupe inventif et travailleur qui fait mine de se la couler douce. 

Camp Claude enchante

Si les applaudissements se traduisaient en mots, Camp Claude, sur scène pour la première partie, aurait compris “Merci, continuez comme ça”. Le trio a assagi l’assemblée respectueusement assise sur le gradin, calmement prostrée dans la fosse. Sous sa blouse blanche qui semblait retapée d’un uniforme d’apiculteur, la chanteuse Diane Sagnier a donné l’impression de détenir la formule d’un sortilège dont personne, à la fin du show, ne connaîtra les effets. Le trio intriguant qui flotte sur la scène convainc ainsi qu’il connaît les principes de l’enchantement. La chanteuse et ses deux comparses roulent au maximum de la vitesse autorisée sur les routes de la musique de nuit.

The Dø gagne par K.O

Olivia Merilahti possède la même force que le rouge des coquelicots, sauvages par essence. De la pâleur de son visage s’est extirpée une voix claire puissamment soufflée mais justement dirigée. N’en déplaise à Lana Del Rey et consœurs : une vraie chanteuse s’était emparée du micro. Sautillante dans sa combinaison écarlate portée sur un haut serré en dentelles immaculées, Olivia était seule dans l’œil de la foule emportée par la bourrasque pop bien dégarnie, justement impulsée par le nouveau son de The Dø, désormais à quatre sur scène. 

Le groupe y est meilleur que sur son album Shake Shook Shaken dont la sortie est programmée le 29 septembre. Certains morceaux (Keep Your Lips Sealed, Miracles) sonnent comme si The Dø remixait ses propres titres. 

Les mélodies chantées par Olivia sont étonnement complexes. A mess Like This s’aventure par exemple sur les hauteurs de chansons belles comme un Disney, avec la rudesse éclairée de performeuses comme Regina Spektor. De quoi toucher les fans de musique métal les plus durs. Preuve ultime du savoir-faire du groupe, son habilité à casser la routine du show en espaçant les chansons comparables. 

Olivia mime des phases de combats pour incarner les rythmes electro frappés par le groupe. Le bouquet final du concert transforme la scène en un punching ball exténué. The Dø gagne par K.O. et ceux qui ont osé rester assis dans les gradins sont enfin debout, réclamant un rappel qu’ils obtiennent, puisque programmé. Le trac avoué du groupe avait ordre de disparaître, les tubes de l'album Shake Shook Shaken secouent tous les maux.