C'est en chantant sa chanson Déserteur à Moscou en 1985 que Renaud a vécu un des pires moments de sa carrière. "Quand les Russes, les Ricains. F'ront péter la planète / Moi, j'aurai l'air malin. Avec ma bicyclette", a-t-il lancé sur scène. Une phrase qui a provoqué une réaction totalement imprévue du public réuni ce jour-là.
"Je chantais en plein air au parc Gorki. Et à ce moment-là, devant des Russes, des Yougoslaves, des Tchécoslovaques, de tout ce monde du Parti Communiste, les 3.000 spectateurs se lèvent et s'en vont au coup de sifflet sur la phrase en question", se souvient Renaud au micro d'Éric Jean-Jean pour l'émission Bonus Track sur RTL.
Pour Renaud, la raison de cette soudaine désertion est simple : "Ils voulaient m'humilier. Ils n'étaient pas d'accord avec le choix du Parti Communiste d'inviter un personnage aussi anarchiste, aussi loin du marxisme", analyse le chanteur qui admet avoir, à ce moment précis, ressenti "une grande colère".
J'ai pensé qu'ils voulaient ma peau
Renaud
Plus que de la colère, un sentiment diffus et angoissant de peur va venir assombrir sa visite en URSS. Une véritable paranoïa. "Je pensais qu'ils me voulaient du mal, admet le chanteur. Le pire mal qu'on peut faire à quelqu'un, c'est l'éliminer physiquement. Donc j'ai pensé qu'ils voulaient ma peau. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus." Pourtant, Renaud était venu en ami. Un ami plutôt proche des idées politiques mises en avant par le régime soviétique à l'époque. Renaud se considérait comme un "compagnon de route"
Sur place, le Français n'a jamais eu l'occasion de rencontrer les vrais gens. Il n'avait le droit que de dialoguer avec des citoyens triés sur le volet. La surveillance était omniprésente. Pour son concert au parc Gorki, on avait demandé à Renaud la liste des chansons qu'il comptait chanter et leur traduction en russe. Après l'incident et le départ du public, Renaud a été poursuivi par la peur.
"J'ai eu une grande paranoïa. Je n'ai plus mangé, j'avais peur qu'on m'empoisonne. Je ne pouvais pas prendre les ascenseurs, j'avais peur qu'ils s'écroulent. Je ne descendais pas les escaliers. Jusque dans l'avion qui nous ramenait à Paris, j'avais peur qu'ils posent une bombe, pour m'éliminer en s'en foutant des victimes collatérales, s'émeut Renaud. C'est une grande prétention, en même temps, de penser que j'étais aussi important pour ces gens-là."
Du communisme, Renaud conserve une affection pour les idées fondamentales du mouvement. "Une belle idée de fraternité, de solidarité, de partage des richesses", résume-t-il, tout en ajoutant "mais [une idée qui] a été bien dévoyée par tous les régimes communistes sur la planète."
Retrouvez l'interview intégrale de Renaud dans Bonus Track ce vendredi 20 juin, de 21 à 22 heures.
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