Quel est le quotidien du dessinateur de presse numéro un d'un grand quotidien ? Plantu officie à la une du Monde, un journal du soir, depuis 1985. L'emploi du temps du caricaturiste débute à 16 heures au troisième étage du bâtiment du grand quotidien français.
Après avoir fini de s'amuser comme un gamin avec les six ascenseurs de ce gigantesque paquebot de verre, l'élève Plantu garde ses habitudes au fond de la classe : un petit rebord à côté de la fenêtre de cette grande salle de rédaction où il aime épier les débats des rubricards autour de l'édition du lendemain. "Regardez, là il est en train de coller des pages qu'on va découvrir dans deux secondes et qui seront commentées. Moi j'adore. J'apprends mille choses en l'espace de trente secondes. (...) J'écoute comme quand j'étais en classe. C'est mes profs qui sont là. C'est un boulot de lycéen que je fais. Et demain, je vais rendre la copie", explique le dessinateur.
Un petit bout de papier A4 plié en deux puis en quatre dans la main gauche, son feutre dans l'autre, le capuchon décroché avec les dents à la manière d'une blonde qu'on sort d'un paquet de cigarettes, Plantu dégrossit. "Par exemple, Macron à Las Vegas, je le fais avec son cigare puis une barbe de trois jours (...). Il est à la roulette. Ma roulette, on dirait une cocotte minute... Enfin bon, je vais mieux la travailler demain."
Les brouillons sont les parents des dessins publiés
Plantu, dessinateur de presse au quotidien "Le Monde"
La journée de Plantu ne fait que commencer. Après avoir rencontré ses assistants pour régler les derniers détails de la prochaine exposition Cartooning for peace, Plantu pousse la porte de son bureau : une caverne d'Ali Baba de 20 mètres carrés rempli d'étagères. Un bric-à-brac savamment organisé de livres, de catalogues et d'anciennes sculptures. "Et puis, il y a mon petit Chirac. C'est un jouet polonais que j'ai désossé et refait à ma manière pour faire la campagne présidentielle", complète-t-il. Sans oublier l'imposante tablette graphique qui sert d'abord de sous-mains à chaque dessin.
Tout commence traditionnellement sur une feuille blanche, rien que la feuille blanche. Il représente François Hollande sur des starting-blocks "alors que les autres sont partis. Il faut bien qu'on comprenne la forme de son visage : il y a un côté courge." Le lendemain matin, Plantu a complètement changé d'idée. Emmanuel Macron à Las Vegas et ce François Hollande collector n'auront jamais figuré à la une du Monde. À la place, Plantu a dessiné un concerto sur la déchéance de nationalité avec un François Hollande en chef d'orchestre, en apnée. "Les brouillons sont les parents des dessins publiés. Jamais le dessin publié ne serait ce qu'il est s'il n'y avait pas eu le brouillon avant", relève le dessinateur.
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