La presse rend bien sûr très largement hommage à Johnny Hallyday ce mercredi 6 décembre. Et s'il y a
un papier à lire ce matin, c'est d'abord l'édito d'Alexis Brézet sur le site du
Figaro. "On a tous en nous quelque chose de Johnny", écrit le patron du journal.
Écho bien sûr à Quelque chose de Tennessee. Écho aussi au communiqué
d'Emmanuel Macron publié cette nuit à 3h40.
"Il est né d'un père belge, poursuit le journaliste. Il portait un pseudonyme
américain, il vivait entre la Suisse et la Californie, et pourtant il était le
plus français des artistes français. Il n'était pas un musicien extraordinaire,
pas un beau parleur ni un phare de la pensée. Et pourtant, jamais ses idées
n'ont paru ridicules : même les Guignols, rappelle Alexis Brézet, ont renoncé à
le brocarder."
"Son génie, poursuit-il, fut d'inspirer aux plus grands 'l'envie d'avoir envie'." "L'envie d'avoir envie de lui, écrit l'éditorialiste. De Duras à Godard, de Sagan à Rondeau, pourquoi a-t-il autant fasciné les intellectuels ? Sans doute parce qu'il avait ce qu'ils n'ont jamais eu : cette faculté quasi surnaturelle d'instaurer avec son public une communication qui se passe de mots." "Que l'on soit fan ou pas du chanteur, on a en effet tous, écrit Paris Match, fredonné quelques notes de Johnny."
"Johnny, c'est le Victor Hugo de la rengaine, disait de lui son copain
Carlos. S'il meurt, c'est la France qui s'arrête." C'est le site des Échos qui
ressort ce matin cette petite phrase qui dit tout. "Il n'est pas sûr que l'on
tire 21 coups de canon depuis les Invalides, écrit le journal, ni que son
cercueil drapé de noir repose sous l'Arc de triomphe comme pour l'auteur des
Misérables mais il pourrait y avoir autant de monde dans les rues. Deux millions
de personnes comme ce 1er juin 1885."
"Johnny, le rocker qui a écrit la bande originale de la vie des Français",
titre Le Parisien. Le journal évoque cette interview que lui avait accordée la
star en 2007. "Que restera-t-il de ma voix devant l’éternel ? Que restera-t-il
de moi ?", se demandait-il à l'époque. "On connaît déjà la réponse, dit ce matin
le quotidien, même si on ne mesure pas encore l’onde de choc provoquée par sa
disparition".
En 2009, à l’époque où il se trouvait dans le coma, l’Élysée avait commencé à envisager des obsèques nationales et une descente du cercueil sur les Champs-Élysées. Beaucoup de fans espèrent au moins ça pour rendre un dernier hommage à leur idole. Un monument.
C'était un mythe français
Yann Moix, dans "Le Figaro"
Monument, c'est sans aucun doute le mot qui revient le plus dans la presse ce matin. "En un demi-siècle, écrit ainsi Serge Raffy dans l'Obs, le showman était devenu un monument national. Entre De Gaulle, BB et la tour Eiffel." L'Obs qui titre "le roi est mort".
"Johnny est mort, le peuple est triste", ça c'est ce
qu'on peut lire ce matin sur le site internet du Monde. "Avec lui, c'est une
part de l'histoire française qui se fragmente", écrit le journal. "Johnny a
tellement duré qu'il nous semblait continu, ajoute Yann Moix sur le site du
Figaro. C'était un mythe français. Tous les présidents de la Ve République
l'auront été sous Johnny Hallyday. Il avait, poursuit-il, inventé une époque
qui, comme ses fans, semblait ignorer les années, les dates, le temps."
À propos du temps qui passe justement, cette phrase signée Johnny nous
rappelle ce matin le site du Télégramme : "Durer, c'est quasiment impossible",
voilà ce qu'il déclarait en 2003. "Ça demande beaucoup de temps, beaucoup de
soi-même, beaucoup de blessures, beaucoup de sacrifices".
Et l'hommage de la presse dépasse les frontières de la France. Sa photo fait déjà ce matin les unes du Journal de Montréal et du Journal du Québec. Le très prestigieux New York Times salue le "french Elvis", l'Elvis français. Elvis, Johnny l'aura souvent chanté mais jamais rencontré. Les voilà aujourd'hui réunis.