Isabelle Morini-Bosc : "Léo Mattéï confond être sérieux et se prendre au sérieux"

Chaque année, 1800 enfants mineurs disparaissent, qu'on retrouve ou qu'on ne retrouve jamais. Chacune de ces enquêtes est particulièrement sensible, et dès qu'elle exige une action urgente, des résultats rapides, c'est moi qu'on appelle et qu'importe la procédure. Je m'appelle Léo Mattéï et je suis le Commandant de la Brigade des mineurs".

Comme la semaine dernière et comme la semaine prochaine, le générique de Léo Mattéï est "déclamé" ce soir sur TF1 par Léo Mattéï lui-même. Alias bien sûr Jean-Luc Reichmann, dont l'"organe" est plus viril que jamais. C'est même très exactement ça le problème. L'animateur se veut tellement sobre, tellement irréprochable en comédien conscient que le "métier l'attend au tournant", qu'il réussit à en faire des tonnes en ne faisant rien : regard sombre, bouche figée, muscles durcis. Est-il un bon comédien ? Evidemment oui. Il l'est d'ailleurs par moments dans cette fiction dont on soupçonne de surcroît qu'elle a été (sur)veillée de près par TF1.

Manque d'humour

Les grandes chaines laissent rarement les coudées complètement franches au producteur, au nom d'études qu'elles interprètent de façon frileuse. Faut-il rappeler que, en recevant le projet de Julie Lescaut, TF1 avait affirmé que le public n'accepterait pas une femme commissaire. Confortée dans cette opinion par les déclarations violentes d'un public "testeur" choqué que Julie la rousse laisse sa voiture dehors le soir, ce qui sous-entendait selon eux qu'elle allait ressortir en laissant ses filles seules.

L'équipe de Léo Mattéï a-t-elle voulu prouver sa capacité à fabriquer une vraie intrigue émouvante ? Pas impossible. Dommage dès lors que ressorte surtout le manque d'humour d'une fiction qui semble confondre "être sérieux" et se prendre au sérieux".