Fadela Amara : "Avec Christine Boutin, c'était assez 'folklo'"

Elle était de gauche mais a été secrétaire d'État sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Militante anti-racisme, présidente de l'association "Ni putes, ni soumises"... Aujourd'hui à 51 ans, elle est inspectrice des affaires sociales. Elle a grandi dans la banlieue de Clermont-Ferrand et parle de son enfance. "Je n'ai pas de mauvais souvenirs, mais bon j'avais conscience qu'on était pauvres, se remémore-t-elle. J'ai eu la chance d'avoir des profs qui ont parfois payé discrètement les sorties scolaires pour moi."

"Une institutrice, Nicole Peron, m'a même offert un livre quand j'avais sept-huit ans, et depuis je lis beaucoup. elle avait beaucoup d'affection pour moi, ça a fait une sorte de déclic, poursuit-elle. Mon père était très strict avec des principes très fermes, dans une volonté de protection. Il a compris plus tard que c'était devenu de l’oppression"

Avec Christine Boutin c'était assez 'folklo'

Fadela Amara

Elle parle de sa famille avec affection, et raconte que tous étaient "fiers" quand elle a accédé à ses fonctions officielles en 2012. "Ma mère est venue facilement visiter mon bureau, mais mon père ne voulait pas car il ne maîtrisait pas bien la langue française et ça le gênait. Je lui ai dit que ce n'était pas un souci et je lui ai dit 'tu parles dans ta langue natale, point'."

Sa ministre de tutelle n'était autre que Christine Boutin, réputée pour ses valeurs catholiques très prononcées, un duo de ministres assez improbable. "Avec elle c'était assez folklo oui, confirme-t-elle. Ils nous arrivait de nous "friter", il se trouve que je n'ai pas un bon caractère non plus et ils nous arrivait de hausser le ton, mais du coup c'est vrai que j'allais discuter directement avec le Président. 

Jean-Louis Borloo m'a dit : 'Toi et moi, on est entrés par effraction'

Quand on lui demande si elle se trouvait à sa place dans le monde politique elle se souvient particulièrement d'une phrase de son collègue Jean-Louis Borloo. "Il m'a dit : 'Fadéla toi et moi on est rentrés par effraction.' Je pense que cela résume tout."

Referait-elle la même chose aujourd'hui ? "Il ne faut jamais refuser des propositions qui vous permettent de mettre en pratique le combat de 30 ans, affirme-t-elle. C'est bien de gueuler mais il ne faut pas avoir peur de prendre des responsabilités et d'y aller."

Avec un regard décalé et impertinent, Cyprien Cini va à la rencontre des personnalités de l'année.