Héléne Darroze : "Je m'appelle Héléne, pas chef !"

REPLAY - Rencontre avec Héléne Darroze, élue "meilleure femme chef" du monde en 2015. Elle raconte ses souvenirs de cuisine, un endroit où elle refuse qu'on l'appelle "chef".

Hélène Darroze, dans son restaurant parisien, le 23 avril 2015

Crédit : PATRICK KOVARIK / AFP

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Fille, petite-fille et arrière petite-fille de cuisinier, Héléne Darroze a logiquement fait des études de... commerce. Mais elle est rapidement retournée vers le chemin de la cuisine et est aujourd'hui à la tête de deux restaurants étoilés, un à Paris (Héléne Darroze) et un deux étoiles à Londres (The Connaught).

"À la fin des années 80 la filière de la cuisine était plutôt une voie de garage, ce n'était pas un métier que l'on recommandait de faire, et il y avait très peu de femmes, explique-t-elle. Dans la tête de mes parents, le cuisinier qu'ils voulaient c'était mon frère ! Ils ont réagi avec beaucoup de générosité et mon père m'a dit "prend ma place", mais ils ont eu un peu peur."

Jacques Chirac avait demandé deux fois du pigeon, ce qui, comme on dit dans notre jargon, nous a "mis dans la merde"

Héléne Darroze, chef étoilée

En 1996 elle est désignée pour réaliser les plats de la rencontre officielle entre le président de la République Jacques Chirac, et le chancelier allemand Helmut Kohl. "Je m'en souviendrai toujours parce que j'ai cuisiné un pigeon, et le Président en a demandé deux fois. Ce qui, dans notre jargon, nous a mis dans la 'merde', car on n'étaient pas prêts pour en resservir une autre. Puis Bernadette Chirac est venue me dire qu'ils ne mangeaient pas d'oiseaux, j'aurai voulu être sous-terre j'étais très mal. Et au final elle me dit : 'Est-ce que mon chef peut vous appeler lundi pour avoir la recette'".

En cuisine, elle s'appelle 'Héléne', pas 'chef'

Son secret après une journée stressante : écrire tous les soirs. "Je prends un petit cahier et je m'oblige à repenser ma journée et j'écris les dix raisons pour lesquelles je dois dire 'merci'. Et c'est un anti-stress... Après, on se rend que l'on est pas is malheureux que cela."

Elle aime son métier dont elle tient à démystifier le côté "misogyne" parfois reproché. "Je n'ai jamais ressenti que la cuisine était un milieu macho", juge-t-elle en expliquant qu'elle ne se fait pas appeler 'chef' dans sa cuisine mais 'Héléne'.