Sellia, le village où il est interdit de mourir

Pour lutter contre le dépeuplement de sa commune, le maire a pris un arrêté qui oblige ses administrés à effectuer des tests médicaux réguliers.

Le village de Sellia en Italie où le maire a pris un arrêté pour lutter contre le fort taux de mortalité

Crédit : TIZIANA FABI / AFP

Le maire de Sellia a trouvé la solution pour lutter contre le dépeuplement de son petit village calabrais : l'été dernier, il a publié un arrêté interdisant à ses administrés de se laisser mourir.

Dans cette commune, au sud de l'Italie, on trouve plus de chats et de chiens errants que d'habitants dans les rues. Une situation qui inquiète l'édile Davide Zicchinella, un pédiatre de 40 ans : "La vie humaine a naturellement de la valeur, mais ici elle a une valeur sociale, parce que chaque décès nous rapproche de la mort du village".

Un Check-up médical annuel obligatoire

Le phénomène n'est pas nouveau. En 1920 et 1960, de grandes vagues d'émigration ont vu les jeunes générations partir chercher du travail dans le nord de l'Italie ou à l'étranger. Mais ces quinze dernières années, le taux de mortalité naturelle a fait passer la population de 1.000 à 500 habitants. Pour tenter de retarder l'inévitable, le maire a décidé de transformer l'ancienne école en centre médical. Grâce à des fonds européens, il a pu mener ce chantier et terme en se disant que cela épargnerait à ses administrés les déplacements et les délais pour se faire suivre et soigner en ville. Seulement les habitants de Sellia avaient perdu l'habitude d'aller chez le médecin et la salle d'attente restait vide. Le maire a donc décidé de sévir en sortant son arrêté. Désormais, les habitants du village doivent effectuer un check-up médical annuel obligatoire, sous peine d'un impôt supplémentaire de 30 euros par an. Et depuis le décret, il y a la queue au tout nouveau centre de soins gériatriques !

Un suivi ophtalmologique et orthopédique est également proposé dans le centre, dont les soins sont subventionnés pour la plupart des patients, voire gratuits pour les plus démunis. Pour aider ses administrés à atteindre, et si possible à dépasser, l'espérance de vie de 83 ans en Italie, le maire organise aussi des transports en bus réguliers vers un établissement thermal de la région. Des initiatives particulièrement utiles dans cette région de l'Italie toujours confrontée à une pauvreté endémique. Ces cinq dernière années, Sellia a vu apparaître un trou de 100.000 euros dans son budget à cause des coupes sévères dans les fonds destinés à la santé en Calabre.

Davide Zicchinella ne compte pas s'arrêter là. Après avoir contribué à faire baisser le taux de mortalité dans le village, le maire veut attirer de nouveaux habitants et des touristes. Grâce à un autre chèque de 1,5 million d'euros de Bruxelles, il est en train de transformer une ancienne ferme en parc d'aventure, avec une tyrolienne, des ponts tibétains suspendus entre les arbres, une tour infernale et un grand terrain de jeux accessibles aux personnes handicapées. L'école maternelle, depuis longtemps à l'abandon, est devenue une auberge de jeunesse et deux gîtes sont prêts à ouvrir au printemps.

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