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Maroc : la polémique "Much Loved" engage un débat sur la prostitution

Le pays a interdit le long-métrage de Nabil Ayouch, sélectionné à Cannes, en raison de sa thématique. Mais cette décision n'a pas calmé la polémique.

Nabil Ayouch le réalisateur de "Much loved" le 9 décembre 2013 à Hollywood (archive).
Crédit : ANGELA WEISS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
La rédaction numérique de RTL & AFP

Rarement un film avait déchaîné autant les passions au Maroc. Mais Much loved, de Nabil Ayouch, aborde le thème ultra tabou de la prostitution dans le pays. Une audace qui ne passe pas : Rabat a décidé d'interdire le film le 26 mai dernier. Malgré ce veto, le débat reste très vif dans le royaume. 

Cette oeuvre de Nabil Ayouch, présentée au Festival de Cannes, aborde la prostitution à travers le portrait de quatre femmes. Le film devait initialement sortir en salle à l'automne. Mais la publication d'extraits sur internet, comportant des danses suggestives et des propos à connotation sexuelle, a immédiatement suscité la controverse, dans un pays aux mœurs conservatrices.

Débat politique

Violentes attaques contre l'équipe du film sur les réseaux sociaux et lors d'un sit-in, plainte - sans suite - d'une association locale : Much loved a été vivement pris à partie dans l'opinion. De son côté, le gouvernement islamiste a justifié son interdiction préventive en évoquant "un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine"

Toute la classe politique s'est emparée de la polémique. "Nabil Ayouch a une mère, une grand-mère, une soeur et une épouse. Il devrait revenir à Dieu et renoncer à ce travail", a tonné lors d'un meeting le patron du parti Istiqlal (opposition) Hamid Chabat. 

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"Les oeuvres artistiques doivent être évaluées selon les critères de créativité et non selon un prisme moralisateur", a rétorqué la vice-présidente de la chambre des députés, Khadija Rouissi, du Parti authenticité et modernité (PAM, opposition).

Jennifer Lopez fait aussi polémique

En parallèle, la controverse sur la question des moeurs s'est amplifiée... autour de Jennifer Lopez. En effet, le ministre de la Communication a condamné la diffusion d'un concert de la chanteuse à Rabat sur une chaîne publique. Issu du parti islamiste Justice et développement (PJD), Mustapha Khalfi a jugé cette retransmission "inadmissible" en raison des tenues légères et des danses suggestives de la "bomba latina". 

La presse est également divisée sur le cas Much loved ("Zin li fik" en arabe), notamment sur l'opportunité de traiter de manière aussi crue la prostitution. "Oui, la prostitution existe au Maroc (...). Mais ce n'est pas une raison pour traiter un sujet aussi sensible avec un ton aussi provocateur", dénonce Maroc Hebdo.

À l'inverse, des journalistes ayant assisté à une projection privée saluent un film qui "contribue à ouvrir un débat", même houleux. Much Loved décrit "un milieu qui suinte la misère et la violence", fait valoir l'hebdomadaire Tel Quel.

Qui sont les prostituées au Maroc ?

Dans ce contexte, certains médias ont offert une tardive médiatisation à un rapport du ministère de la Santé abordant le phénomène de la prostitution dans quatre grandes villes. Situation sociale, âge du premier rapport, contraception : cette étude de 2011 consacrée à la lutte contre le sida détaille le profil de quelque 19.000 prostituées.

Pour le reste, du fait du tabou, peu d'éléments sont connus sur la prostitution au Maroc, qui toucherait aussi bien les villes touristiques, les centres urbains que les campagnes, et les hommes que les femmes. 

Une population "cachée"

Durant la polémique, une prostituée, sous couvert d'anonymat, a brièvement été invitée à livrer son témoignage à la radio, à une heure de grande écoute. 

Les soirées, les danses, la vulgarité, "tout cela existe", a-t-elle reconnu, sans développer. "Je ne comprends pas pourquoi la société n'a pas accepté ce film. Peut-être parce qu'il montre une catégorie de la population qu'elle préfère maintenir cachée ?"

Les DVD pirates s'arrachent

Des DVD pirates des rushes de Much loved circulent désormais en abondance "sur le marché parallèle", indique de son côté le site Medias 24 ce mercredi 3 juin. En effet, "l'interdiction crée un appel d'air" et "fait en sorte de donner bien plus de résonance au film". On trouve aussi de nombreux liens vers le film complet sur YouTube

Le réalisateur veut susciter le débat

Au beau milieu du tumulte, Nabil Ayouch se défend, lui, de tout sensationnalisme. Il indique avoir rencontré près de "200 travailleuses du sexe" pour préparer son film de la manière la plus réaliste. "La prostitution est autour de nous et au lieu de refuser de la voir, il faut essayer de comprendre". 

Dans un entretien au Figaro, Nabil Ayouch a répète que son unique but est "que chacun se fasse son opinion et que le débat ait lieu". "D'une certaine façon, les réactions violentes (...) montrent qu'il commence à avoir lieu". 

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