L'acteur Benjamin Lavernhe était invité ce vendredi 10 novembre sur l'antenne de RTL, à l'occasion de la sortie en salles deux jours plus tôt du film l'Abbé Pierre : une vie de combat, qui retrace les engagements hors du commun d'Henri Grouès de son vrai nom, qui fonda Emmaüs.
Mais comment rentre-t-on dans la peau de l'abbé Pierre ? "C'est un peu un mystère. Je n'avais pas les clés au début (...). Frédéric Tellier (le réalisateur, ndlr) m'a emmené dans une préparation passionnante, en plusieurs parties". Le cinéaste lui a fait lire plusieurs livres et consulter un dossier d'archives comprenant plus de 5.000 photos ainsi que des interviews de l'abbé Pierre.
"Je l'ai fait, pas seulement pour être dans un mimétisme, mais pour essayer de comprendre l'homme", détaille Benjamin Lavernhe. Derrière toute cette préparation, "la recherche de l'homme derrière la figure consensuelle" et médiatique. Comment est-ce que l'homme Henri Grouès est devenu l'abbé Pierre ? "Cette sensibilité hors normes, d'où elle vient ? Comment il s'est vu en rêve, à la tête d'une foule en marche ? Comment il a obéi à ce destin, cette vocation, cet appel ?", s'est demandé l'acteur avant d'incarner ce personnage si apprécié des Français. Benjamin Lavernhe confie qu'il a quand même eu des doutes : "On se pose la question de 'est-ce que je vais réussir à le jouer ? Est-ce que je vais être à la hauteur du mythe ?'".
"J'ai été très vite très ému par cette rencontre. J'avais l'impression que c'était un ami, je rêvais de lui, il n'était pas loin, là", raconte l'acteur. "C'est un moteur, quelqu'un qui déclenche des envies d'engagement et qui est terriblement bouleversant, inspirant et intelligent".
Pour ce rôle, Benjamin Lavernhe est allé faire des maraudes avec Emmaüs Solidarité et le réalisateur Frédéric Tellier. "Il y a énormément d'initiatives, et c'est très important de parler de ceux qui agissent aujourd'hui et qui sont les enfants de l'abbé Pierre, et qui portent un combat extraordinaire".
RTL était allée à la rencontre du comédien pendant le tournage du film. Entre les prises, Yves Calvi dit avoir été frappé de la façon dont l'acteur était "investi" et "dans le rôle" : "Vous étiez vraiment habité", lance-t-il à Benjamin Lavernhe. "C'était un homme habité ! De manière un peu mystérieuse, d'ailleurs", répond le sociétaire de la Comédie-Française.
Le film étant tourné de façon chronologique, Benjamin Lavernhe joue l'abbé de 25 à 94 ans. "Au début, je me suis dit que c'était très casse-gueule, je vais avoir l'air ridicule", sourit-il. "C'est un challenge". Il tient à saluer l'Atelier 69 à Montreuil, "des génies" du maquillage selon lui. "Vous allez voir, les maquillages ne vont pas du tout vous sortir du film, et au contraire, vous aider à être bouleversés". L'acteur se faisait maquiller pendant six heures, parfois dès deux heures du matin, jusqu'à neuf heures. "Parfois je faisais de petits roupillons, je m'endormais, et je me réveillais et j'avais pris quarante ans", s'amuse l'acteur. Les accessoires sont nombreux : neuf looks différents, lentilles de contact, oreilles et bosses de tailles variées.
"Ça aide énormément à jouer, d'avoir cet attirail", explique Benjamin Lavernhe. "Après, il faut remplir le masque : il ne suffit pas d'avoir la ressemblance, il faut l'habiter".
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