La deuxième semaine s'ouvre à Cannes. Le festival a déjà vu défiler de jolis films, comme Ma Loute de Bruno Dumont, également Mademoiselle du coréen Park Chan-Wook, Toni Erdman de l'Allemande Maren Ade ou encore American Honey de l'Américaine Andréa Arnold... Des œuvres qui ont marqué par leur sensualité envoûtante pour certains, leur soif de liberté, leur gravité, leur drôlerie parfois. Une sélection de grande qualité. Mais l'événement de dimanche, c'était Mal de pierres, le nouveau film de Nicole Garcia avec Marion Cotillard. Elle y incarne Gabrielle, une jeune femme de l'après-guerre, enfermée dans la bourgeoisie agricole du sud de la France. On la dit folle, obsédée par un désir charnel qu'elle n'arrive pas à assouvir, et elle va être mariée quasi de force à un ouvrier avant de rencontrer enfin la passion lors d'une cure thermale sensée soigner son "mal de pierres", autrement dit ses calculs rénaux.
À l'écran, Marion Cotillard impressionne une fois encore avec un personnage romantique, tragique dans un film adapté du roman de Milena Agus. Ce long-métrage est l'aboutissement d'un projet qui a mis des années à se faire, le temps nécessaire pour résoudre l'équation compliquée entre Marion Cotillard, Nicole Garcia et le roman. Car l'actrice avoue qu'elle n'avait pas lu le livre avant d'avoir joué le rôle. Elle a mis longtemps à pouvoir l'endosser à cause d'autres tournages déjà prévus. "Je ne l'ai toujours pas lu" mais "c'est un livre que je lirai un jour", promet-elle.
Encore une fois, la comédienne campe un personnage assez douloureux pour une actrice qui ne s'épargne guère depuis La Môme. À part Les Petits mouchoirs de Guillaume Canet, difficile en effet de trouver la joie de vivre dans les choix de ses rôles, que ce soit chez Woody Allen, Jacques Audiard, Steven Soderbergh, Christopher Nolan ou les frères Dardenne. Faut-il être diablement heureuse en dehors des plateaux pour supporter jouer tant de noirceur écran ?
"J'aimerais être heureuse tous les jours, libérée de tous mes enfermements personnels, libérée de toutes mes peurs mais ce n'est pas encore le cas. Mais je pense qu'il faut avoir une grande forme de liberté pour aborder les personnages sombres, douloureux, et oui il faut avoir une base de joie de vivre qui fait que l'on ne va pas être entraîné par la douleur des personnages que l'on aborde. Alors effectivement oui", répond-elle finalement.
C'est vrai que la carrière de l'actrice demande une sacrée organisation : Marion Cotillard est de retour ce lundi matin sur le plateau de Robert Zemeckis à Londres aux côtés de Brad Pitt pour un film de guerre et d'espionnage. Puis, Marion Cotillard reviendra à Cannes pour la présentation en compétition du nouveau film très attendu du réalisateur de Momy, Xavier Dolan, Juste la fin du monde, adapté d'une pièce de Jean-Luc Lagarce, avant de repartir en Angleterre.
Le prix d'interprétation féminine est le seul trophée majeur qui manque au palmarès de Marion Cotillard, récompensée aux Oscars, aux César, aux Golden Globes et aux Baftas anglais pour La Môme. Mal de pierres de Nicole Garcia sortira sur les écrans le 19 octobre prochain.