Pour Les Cowboys, en salles le 25 novembre, le scénariste de Jacques Audiard a recruté François Damiens pour un drame sur l'univers des fêtes country dans l'est de la France. Mais au casting, un nom dénote : celui de John C. Reilly, souvent aperçu dans les blockbusters américains (Les Gardiens de la Galaxie, Frangins Malgré Eux). Étrange ? Pas tant que ça : de nombreux acteurs franchissent l'Atlantique pour jouer dans des productions françaises.
Kristen Stewart, primée aux César pour son rôle dans Sils Maria, d'Olivier Assayas, en est un autre exemple. Avant elle, Benicio Del Toro était venu tourner Jimmy P. pour Arnaud Desplechins. Récemment, Michael Pitt jouait dans Asphalte, de Samuel Benchetrit. Le cinéma français jouit - à tort ou à raison - d'une aura particulière aux yeux des comédiens américains.
Les acteurs américains espèrent trouver dans l'Hexagone une vraie exigence artistique. "En France, vous avez cette structure pyramidale, avec le réalisateur tout en haut. Comme il se doit. D'ailleurs, on m'a dit que le droit du réalisateur d'avoir le final cut était garanti par votre Constitution", expliquait John C. Reilly dans une interview à Première. Une légère méprise - le texte suprême français ne garantit rien de ce genre - à mettre en perspective avec le système américain.
Outre-Atlantique, les producteurs ont parfois la main lourde sur le montage final. Ce qui fait d'ailleurs hurler au loup tout réalisateur français osant s'exporter au pays de l'oncle Sam. Grace de Monaco, réalisé par Olivier Dahan, avait fait l'objet d'une polémique avant même sa diffusion au festival de Cannes 2014. Le réalisateur avait accusé le charismatique producteur américain Harvey Weinsten d'avoir "enlevé tout ce qui dépassait". "Ils veulent un film commercial, c'est-à-dire au ras des pâquerettes", avait déclaré à l'époque Dahan à Libération.
Ce mythe du réalisateur tout puissant n'est pas la seule raison pour laquelle les américains font le voyage. Ce qu'ils apprécient, c'est aussi une sensibilité différente au cinéma. Plus artistique, moins commerciale. "Les raisons pour lesquelles les gens font des films en France sont très différentes des raisons pour lesquelles Hollywood fait des films. J'ai une légère préférence pour la France", avait déclaré Kristen Stewart en backstage lors de la cérémonie des César 2015.
Les Français, plus inventifs qu'un Hollywood gavé aux suites et à la science-fiction ? C'est en tout cas la perception d'un certain nombre d'anglophones, comme le résumait cet article du Guardian il y a 5 ans. "Les Français reconnaissent que le cinéma est plus qu'un simple divertissement qui génère de l'argent et des emplois : c'est de la culture", écrivait le journaliste britannique Henry Porter. L'image est romantique, mais occulte une partie de la réalité.
Le cinéma français, c'est aussi Luc Besson avec Lucy, Pierre Morel avec Taken. Des films à gros budget, calibrés pour plaire au public et qui emploient eux aussi des acteurs américains, comme Scarlett Johansson, Morgan Freeman, ou encore Liam Neeson. Des comédiens qui ne viennent pas tourner en France pour faire passer un message. "Je ne cherche pas de justification politique ou sociales à tous mes choix de carrière", avait réagi Scarlett Johansson à l'occasion de la sortie de Lucy, dans le journal Metro.
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