Il a tutoyé les géants, vécu plusieurs années avec Simone de Beauvoir, passé 30 ans à côtoyer Jean-Paul Sartre... Le réalisateur Claude Lanzmann est décédé jeudi 5 juillet à l'âge de 92 ans, au lendemain de la sortie du film Les Quatre sœurs au cinéma.
Un deuxième opus qui prend la suite de Shoah, un film commencé en 1973 et achevé en 1985. Les Quatre sœurs en est une nouvelle déclinaison, tirée des entretiens réalisés à l'époque avec quatre survivantes, aujourd'hui disparues. Lanzmann c'était un regard intransigeant, un érudit qui ne supporte pas qu'on parle mal ou trop de cette Shoah qu'il connait si bien et qu'il a portée sur grand écran.
L'homme était parfois décrit mégalomane, il trouvait ça injuste. "C'est vrai qu'il m'arrive de dire des choses aimables sur moi-même. Et alors ? Il se trouve que j'ai fait deux ou trois choses dans ma vie."
Difficile de contredire celui qui a mêlé sa vie à aux plus grands soubresauts du XXe siècle. À commencer par la Seconde Guerre mondiale. Élevé par son père après le divorce de ses parents, il n'a pas 20 ans quand il prend le maquis, la résistance en Auvergne, avant de passer des années à recueillir la parole des acteurs de la Shoah, bourreaux et rescapés. Il en tire 9h30 d'une oeuvre magistrale.
Cinéaste engagé, cinéphile insomniaque, un intellectuel. Directeur de la revue Les Temps Modernes, il avait la plume aiguisée, avait affûté son art de la formule à ses débuts, au service de réécriture de France Dimanche. Et ce sens du verbe ne l'a plus quitté. Il l'a d'ailleurs utilisé pour raconter sa vie, si dense, dans ses mémoires intitulés Le Lièvre de Patagonie.
Jamais dans la demi-mesure, un brin bagarreur. Claude Lanzmann aimait la dispute, mais pas la défaite. Il avait un ennemi intime : le code de la route. Quand son permis lui a été retiré, il a repassé le code 17 fois pour pouvoir reprendre le volant.
Lanzmann, une silhouette ramassée, comme prête à encaisser les coups. Le plus rude, sans doute, a été la mort de son fils Félix, emporté par un cancer à 23 ans l'an dernier. Depuis, il disait avoir "froid dans tout (son) corps", confie le nonagénaire qui s'était noyé dans le travail pour ne pas sombrer dans le chagrin.
"Faire des enfants c'est faire des condamnés à mort", lâchait le réalisateur, qui ne cessait de clamer son amour de la vie mais son peu de foi dans l'humanité. Et qui regrettait parfois le temps épique du siècle dernier, où l'on aimait tant la liberté.
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