Shirley et Dino remontent sur scène pour un opéra

Corinne et Gilles Benizio, alias Shirley et Dino, s'étaient déjà livrés à l'exercice, avec Le roi Arthur de Purcell. Le duo comique récidive avec l'opéra Don Quichotte chez la Duchesse. On leur souhaite qu'avec ce nouvel opus complètement délirant, ils rencontrent le même succès que le premier spectacle très drôle qui avait bien tourné. Avec Don Quichotte chez la Duchesse, écrit par Joseph Bodin de Boismortier en 1743, on est en plein dans l'ère baroque.

C'est le chef d'orchestre Hervé Niquet, ami du couple, qui avait déjà dirigé le Roi Arthur, et tenait à monter cet opéra. Pour lui, Boismortier est un compositeur exceptionnel. "Tous ses collègues le détestaient parce que c’était le plus riche d’entre eux. Sa musique plaisait tellement qu’il a fait un fric monstrueux. Pour le théâtre il ne développe pas : il préfère avoir dans une boîte 100 idées, plutôt qu’une longue qu’il va développer.  Et c’est ce qui fait la difficulté parce que toutes les trois mesures ça change ! Une situation, un personnage, un tempo… Mais c’est formidable".

Une histoire loufoque

Don Quichotte chez la Duchesse, c'est l'histoire loufoque d'un héros qui rencontre des monstres, des princesses, Merlin l'enchanteur, qui part au Japon… Bref à qui il arrive tout un tas d'aventures. Pour monter le spectacle Corinne Benizio a relu ses classiques."J’ai lu tout Cervantès. Je me suis régalée. Je conseille à tous ceux qui ne l’ont pas encore lu la lecture des deux volumes de Don Quichotte. C’est extraordinaire de poésie, d’humour…"

Pour ce qui est de la partition, toute la musique de Boismortier a été gardée, mais toutes les parties parlées ont été écrites par le duo comique. Gilles Benizio, alias Dino, a un peu le rôle du Monsieur Loyal. Il est le fil conducteur d'une scène à l'autre. Quant à Shirley, Corinne Benizio, elle danse un flamenco endiablé. Elle est rejointe sur scène par le chef qui joue des castagnettes. Un chef, Hervé Niquet, qui est quand même un peu maltraité. Il entre dans la salle en portant l'armure de Don Quichotte, ensuite il se change, il enfile un pantalon de toréador trop étroit qui le fait marcher en canard. Pas toujours facile la vie de chef, comme l'explique le duo : "Il va loin quand même, il monte sur scène, il se costume, il se fait engueuler par ses musiciens… Il n’y a pas beaucoup de chefs qui laissent faire ça" !

Un chef d'orchestre maltraité

À lire aussi

Théâtre

Catherine Frot et Vincent Dedienne présentent "La carpe et le lapin" sur RTL

Il est rare qu'un chef d'orchestre soit aussi acteur - au sens purement théâtral - dans une pièce ! Mais ça ajoute au comique du spectacle, et on sent qu'il est celui qui s'amuse le plus.

Et puis comment ne pas penser aux Monty Python aussi quand on lance une épée en coulisses et qu'on entend un grand "aïeuh", ou quand un des musiciens imite un dindon et que tous ses collègues éclatent de rire dans l'orchestre. C'est presque une série de sketchs. Cela dit : les Benizio reconnaissent qu'ils n'ont jamais autant travaillé pour un spectacle. Au final, on assiste à un vrai divertissement, un délire total, avec des costumes colorés, des décors travaillés, de très beaux airs baroques et une musique tout en raffinement interprétée par l'ensemble d'Hervé Niquet, le Concert Spirituel. Après Metz, le spectacle se joue jusqu'au 8 février à Versailles, en juillet à Montpellier, et beaucoup d'autres dates sont en préparation.