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4 min de lecture
"Paco les mains rouges" est la BD RTL du mois d'octobre 2017
Crédit : Dargaud
Paco, les mains rouges, de Fabien Vehlmann et Éric Sagot aux éditions Dargaud, est notre bande dessinée RTL du mois d’octobre. Soit l’histoire de deux bagnards en Guyane dans les années 30.
Comment raconter les bagnes de Guyane aujourd'hui sans être dans la redite ? Comment montrer l'atrocité du plus redoutable d'entre eux, celui de l'île Saint-Joseph, sans verser dans le misérabilisme et le sociétal ? Il faut parler d’amour. C’est que Fabien Vehlmann a compris. Il a imaginé l’histoire de Paco, un jeune instituteur, coupable de crime passionnel, surnommé "Paco, les mains rouges", qui devient l'ami puis l'amant d'un autre bagnard : Armand dit La Bouzille parce qu'il était un tatoueur chevronné.
Un sujet sensible qui tenait très à cœur au tandem d’auteurs : "J’avais lu des documents sur le fait que les relations entre hommes
était extrêmement fréquente. On recensait jusqu’à 70% de relations dites
homosexuelles entre bagnard. Ce dont je suis le plus fier pour Paco, c’est que dans un cadre aussi
violet que pour le bagne, on a pu montrer avec Éric qu’une forme de tendresse
et de poésie peut survivre dans des conditions abominables."
Comme on s’en doute, les relations entre bagnards ne sont
pas faites que de caresses. C’est d’abord de la violence, puis de la violence,
et ça se termine dans le sang. En général. Dans cette bande dessinée, on vit au
plus près de ces forçats, qui n'ayant plus rien à espérer, deviennent jaloux,
méchants, encore plus stupide qu’en métropole. Ils vont bien sûr s'entretuer ou
parfois se pendent quand ils ne meurent pas de maladie ou de faim.
Le constat est peut-être un peu noir, mais c’est le bagne. Et même en
bénéficiant de tous les privilèges, un bagne reste un bagne, comme le dit Paco.
Il ne pense qu'à une chose, Paco: s'échapper de là, mais avec Armand. Mais la
mer est trop risquée à cause des requins ... Leur seule chance c'est de se
faire muter à Cayenne, où les conditions de détention sont plus clémentes. Il
leur faut de l'argent pour obtenir de faux papiers.
Alors comme certains prisonniers peuvent travailler à
leur compte, Armand va se remettre au tatouage. Les bagnards défilent alors
dans son petit commerce pour se faire couvrir le corps de toute sorte
d'illustrations et de slogans, grivois, politiques, et parfois même poétiques.
Le tatouage, c’est la bande dessinée du bagne, des tranches de vie gravées dans
la chair.
"Tous les tatouages présent dans le livre sont inspirés
de tatouages réels, qui peuvent être grivois, précise Fabien Vehlmann. Finalement assez proches de
graffitis sur le mur d’une cellule. Le seul tatouage où je me suis permis d’inventer
quelque chose, c’est celui d’Armand qui se tatoue lui-même dans sa cellule pour
ne pas devenir fou. Le tatouage est une sorte de forêt envahissante qui m’est
venu de ce qu’est devenu le bagne et plus particulièrement Saint Joseph dans
les années qui ont suivi sa fermeture et où les arbres ont tout envahi et détruits
les cellules."
Paco les mains rouges
est donc l'histoire de deux hommes qui s'aiment, s'entraident pour survivre à
tout prix dans ce monde sans pitié où le destin offre parfois des coups de
pouce inattendus. C’est du moins ce que Fabien Vehlmann a décidé : "Je
n’avais pas forcément envie d’assombrir un tableau déjà extrêmement violent. La
France n’a pas à être fière du tout de ce qu’il s’est passé aux bagnes ces années-là.
C’est même plutôt une tache indélébile sur notre passé. Mais je voulais que ce
rapport entre Armand et Paco ne soit pas aussi
moralisateur comme peuvent l’être
certains récits, comme Brokeback Mountain,
très beau et extrêmement dramatique. J’avais envie que cela soit une fin pas
totalement assombrie".
Le récit de Fabien Vehlmann, magnifiquement dessiné
par Éric Sagot vous prend aux tripes dès la première planche. Il s'adresse à
nous lecteurs, à ce sentiment complexe, fait de compassion, de crainte et de
jugement moral. Vehlmann se permet même des clins d'œil à ceux qui nous ont
fait découvrir la vie de ces bagnards avant lui, comme Albert Londres ou Henri
Charrière dont le roman Papillon fut
un énorme succès littéraire adapté au cinéma.
Il n’est pas sûr qu’Emmanuel Macron, en visite aujourd’hui en Guyanne, se rende sur l’île du Diable, pour saluer la mémoire du bagnard le plus célèbre de l’Histoire de France: le capitaine Dreyfus. Qui ne buvait pas l’eau du robinet, lui non plus, pour la bonne raison qu’il n’y avait pas de robinet.
Mattéo, Jean-Pierre Gibrat, Futuropolis.
La Horde du contrevent, Eric Henninot, Delcourt
Le Joueur d'échec, d'après Stefan Zweig, David Sala, Casterman.
Plus près de toi, Kris et Fournier, Dupuis.
Calypso, Cosey, Futuropolis.
Voltaire amoureux, Clément Oubrerie, Les arènes BD.
Mission Copperhead, Jean Harambat, Dargaud
Balzac et la petite tailleuse chinoise, Dai Sijie et Freddy Nadolny Poustochkine, Futuropolis
Tes yeux ont vu, Jérôme Dubois, Cornelius
Sérum, Cyril Pedrosa et Nicolas Gaignard, Delcourt.
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