Palmyre, la Mosquée des Omeyyades, le Krak des Chevaliers... Autant de sites syriens momentanément visitables, tout comme Khorsabad, en Irak. Et tout cela gratuitement et sans prendre aucun risque, grâce à une exposition révolutionnaire à visiter jusqu'au 9 janvier sous la verrière du Grand Palais à Paris. Par la magie de la 3D, les visiteurs se retrouvent transportés dans ces sites aujourd'hui inaccessibles. Les films sont projetés sur 360° de murs.
L'immersion est complète, et l'illusion bluffante. On doit ce voyage virtuel à une start-up française, Iconem, dirigée par Yves Ubelmann. Un architecte passionné d'archéologie qui, un jour, en apprenant que le site de Mes Aynak allait être détruit, a décidé d'agir : "On s'est posés avec les archéologues afghans [...] pour essayer de trouver des solutions. La solution de conservation numérique s'est imposée assez vite", affirme-t-il. "C’est en 2010, sur ce site, qu'on a testé pour la première fois les machines, les drones, ces technique de photogrammétrie, ce qu'on appelle 'vision artificielle'. On est arrivés à des résultats vraiment impressionnants. On a tout de suite mis les archéologues face à ces résultats, qui nous ont dit "c'est cela qu'il nous faut".
C'est ainsi qu'Yves Ubelmann a constitué un réseau de scientifiques, d'ingénieurs, d'architectes et d'archéologues. Il a commencé à produire, il y a 6 ans, des reproductions numériques des vestiges archéologiques dans des zones en danger. Une époque à laquelle la guerre civile en Syrie n'avait pas encore commencé. Le projet d'Iconem a pris de l'ampleur avec le conflit, au fur et à mesure qu'elle s'intensifiait et que les archéologues alertaient sur les pillages et la destruction des sites. Aujourd'hui, Yves Ubelmann est fier d'avoir pu se rendre avec des archéologues syriens à Palmyre, juste après la reprise du site par des troupes du régime.
Grâce aux photos d'archives, aux dessins, aux gravures aux photos anciennes, les ingénieurs d'Iconem ont réussi aussi à montrer l'évolution des sites à travers les siècles. Les quatre sites de Palmyre sont également évoqués au Grand Palais à travers l’exposition d’une des collections emblématiques du musée du Louvre. Et comme on n’est jamais si bien servi que par son chef, c’est le directeur du musée du Louvre lui-même, Jean-Luc Martinez, qui assure le commissariat général de l'exposition. Les visiteurs y verront en vrai, pas en film, des fragments de mosaïques de la grande mosquée de Damas, des reliefs funéraires de Palmyre, des lions rugissant de Khorsobad. Tous ces objets qui nous rappellent la beauté de cette fabuleuse culture que les hommes se sont échinés à construire et que les hommes s’amusent à détruire. À moins qu’on les en empêche.
L'exposition Sites éternels, au Grand Palais à Paris, du 14 décembre au 9 janvier.