C'est une spécialité bien française : la rentrée littéraire. Les éditeurs placent leurs poulains en vue des grands prix littéraires, tous programmés à l'automne. 490 nouveaux romans sont attendus d'ici octobre, un chiffre en forte baisse. En effet, nous sommes montés certaines années à près de 700 titres publiés.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la frilosité des éditeurs : baisse du pouvoir d'achat avec des budgets de biens culturels qui sont les premiers à trinquer, les difficultés d'approvisionnement en papier et le surcoût de sa fabrication, conséquence de la guerre en Ukraine, un tassement des ventes en librairie au premier semestre, la campagne présidentielle et la guerre là aussi... L'inquiétude règne et provoque une grande prudence du monde de l'édition.
Cette rentrée littéraire reste malgré tout un rituel, une tradition unique au monde. Économiquement, elle peut paraître comme une aberration... À la rentrée, les Français ont d'autres priorités et le porte-monnaie réservé aux loisirs est moins rempli... Cette abondance de publications s'explique par la saison des grands prix littéraires, tous concentrés à l'automne. Les éditeurs placent donc leurs pions dans cette compétition qui reste très rentable. Les prix boostent les ventes et conditionnent les achats de Noël...
Parmi ces centaines de nouveaux livres, avons-nous repéré quelques pépites ? Naturellement, notre choix est très subjectif... Parlons d'amour pour commencer. Yann Queffélec signe D'où vient l'amour, folle passion amoureuse entre Maud, 17 ans, et le fils de son patron dans un village des Cévennes occupé par les Allemands... Autre tête d'affiche qui réussit son retour, Laurent Gaudé avec Chien 51, formidable polar futuriste où les États en faillite sont rachetés par de grands groupes capitalistes...