"Bigre !", un spectacle hilarant et anachronique à voir au Théâtre du Rond-Point

Bigre est le titre du spectacle qui se joue au Théâtre du Rond-Point jusqu'au 17 janvier. C'est le spectacle le plus surprenant et le plus déjanté de cette fin d'année. Nous sommes au dernier étage d'un immeuble. 3 chambres de bonnes, 3 voisins très différents et très complémentaires. Pierre Guillois est un baba cool échevelé et frêle, qui dort dans son hamac et profite de chaque millimètre de sa minuscule chambre pour stocker des provisions, mais bio, toujours bio, en écoutant la radio d'une manière désabusée.
 
Dans la chambre voisine, Agathe L'Huillier. Une jeune femme maquillée comme une voiture volée. Très branchée déco. Elle adore et maltraite son poisson rouge et drague son deuxième voisin, Olivier Martin Salvin, un homme d'une maniaquerie redoutable passionné de jeux vidéo et de karaoké, et qui s'exerce tous les soirs à chanter la valse à mille temps.

Un mélo burlesque

Qu'il chante, en japonais, en chinois ou en coréen, peu importe : Olivier Martin Salvan est irrésistible ! Sa chambre est un bijou de technologie d'une blancheur immaculée. Il claque des doigts et la lumière s'allume, il tape des main et les WC surgissent de dessous la banquette, bref, il tranche complètement avec l'univers désordonné de ses voisins. Et c'est sans doute le désordre qui l'attire chez sa voisine, Agathe L'huilier qui est  la maladresse incarnée. Elle renverse son poisson rouge dans l'évier, le récupère à coup de ventouse, détraque le système de distribution de tout le palier ! Et quand elle s'improvise kinésithérapeute, elle handicape ses voisins plutôt que les soulager à coup de craquement d'os, et quand elle veut faire une prise de sang à Olivier Martin Salvan, elle lui provoque une hémorragie, le spectacle retrouve la belle tradition du grand Guignol, et le public est juste plié de rire.

Pierre Guillois, Agathe L'Huillier et Olivier Martin Salvan ne sont pas des clowns, ce sont des acteurs qui jouent un spectacle muet, un mélo burlesque comme ils l'appellent, avec des effets spéciaux, des gags à répétition pour raconter cette vie de chambre de bonne où les fêtes se font sur le pallier, où les voisins passent leur temps à s'entraider, se jalouser, s'aimer, se détester et chanter.

On se délecte des vices et des malheurs de ce voisinage improbable, anachronique. Rien n'est social, rien n'est politique, et comme c'est agréable de rire en dehors des opinions que le Théâtre du Rond-Point a tellement cherché, par le passé, à nous imposer. Bigre ! vous réconcilie avec Jean-Michel Ribes. Un exploit de plus à son actif. C'est au Théâtre du Rond-Point jusqu'au 17 janvier, courrez-y !