"Après le silence", la première pépite de Didier Castino

Un coup d’œil pour commencer sur le palmarès des meilleures ventes de livres avec RTL et le magazine L'Express. Le lauréat du Goncourt, Mathias Enard toujours en tête avec son roman Boussole devant 13 à table!, le recueil de nouvelles de 13 auteurs publié au profit des Restos du Cœur et 2084 de Boualem Sansal. Une seule entrée à noter cette semaine, à la 8ème place, le nouveau roman de Noël de Maryy Higgins Clark, La mariée était en blanc. Palmarès complet à retrouver dans L'Express.

Il ne figure pas, pour le moment, parmi les best-sellers, c'est pourtant l'une des révélations de l'automne, Après le silence est le roman d'un débutant nommé Didier Castino. Et j'ai failli passer à côté ! Heureusement, une fois passés les poids lourds de la rentrée et le marathon des prix littéraires, vient enfin le moment d'ouvrir les livres qui étaient restés sous la pile et parfois s'y niche une pépite comme ce premier roman, donc, Après le silence.

Le double mérite du livre de Didier Castino est de faire entendre une voix rare dans la fiction française, celle d'un ouvrier, Louis Catella, et de raconter un monde lui aussi peu représenté dans le roman actuel, l'usine. Louis travaille dans une aciérie du sud de la France durant les années 60-70, il est syndicaliste, coco et catho, il croit en des lendemains qui chantent et en Dieu. Cela ne l'empêchera pas de mourir à l'usine, écrasé par une pièce d'acier. C'est son fils, à l'époque âgé de 7 ans, qui lui donne la parole. 

Un fils devenu adulte, écartelé entre fidélité et liberté

Ce n'est pas seulement un hommage au père car Après le silence est plus riche que ça. Didier Castino fait entendre également la voix du fils devenu adulte, écartelé entre la fidélité à ce père absent, au souvenir intimidant, érigé en héros de la famille et la nécessité de s'en libérer, de vivre vie sans pour autant trahir la figure paternelle et ses origines. Une quête d'identité joliment brodée par Didier Castino. "Il y a cette volonté de s'affranchir donc ça ne finit pas du tout la même manière que celle du père mais il y a toujours cette référence au père qui apparaît comme une force tragique, explique l'auteur. Il n'en est jamais libre. Il compare toujours ce qui a été la vie du père à la sienne. Il doit se justifier en permanence [...] Il y a ce conflit permanent de cet adulte fils d'ouvrier."

Fils d'ouvrier lui-même, le romancier débutant Didier Castino est né il y a 49 ans à Marseille où il vit et travaille. "Je suis enseignant en lettres au lycée. J'aime beaucoup ça. La fréquentation des textes auprès d'élèves qui s'interrogent, c'est une langue étrangère à découvrir pour eux. C'est quelque chose qui ne va pas de soi." Didier Castino, révélation de la rentrée 2015, signe l'émouvant et subtil Après le silence chez Liana Levi.