Apple refuse d'aider à résoudre l'affaire de l'attaque terroriste de San Bernardino. Mardi 16 février, une juge américaine a sommé le groupe informatique américain d'aider le FBI à accéder au contenu chiffré du téléphone portable d'un des auteurs de l'attaque qui a fait 14 morts le 2 décembre en Californie. "Apple aidera à permettre les recherches sur un téléphone cellulaire", en l'occurrence, un iPhone 5C, "en fournissant une assistance technique raisonnable pour aider les agents des forces de l'ordre à obtenir l'accès aux données sur l'appareil", a écrit la juge Sheri Pym dans sa décision.
La juge californienne demande à Apple de fournir un logiciel, utilisable seulement dans ce cas précis, pour que les enquêteurs puissent contourner l'option activée par le meurtrier qui prévoit l'effacement automatique des données après dix tentatives infructueuses de déverrouillage du téléphone. Elle donne cinq jours ouvrables à la firme de Tim Cook pour contester cette décision.
Le PDG d'Apple a répondu mardi par la publication d'une lettre ouverte pour expliquer pourquoi son entreprise fait appel de la décision. "Choqué et enragé" par la fusillade de San Bernardino, Tim Cook rappelle que sa société n'a "aucune sympathie pour les terroristes" et qu'elle a déjà répondu aux demandes du FBI pour les données dont elle avait la connaissance. Mais il refuse de faire sauter la protection de l'iPhone qu'il considère comme un principe fondamental. Il estime que la demande de la juge est "sans précédent" et qu'elle "menace la sécurité" de ses clients.
"Nous nous opposons à cette décision qui a des implications dépassant largement le cadre légal de cette affaire, écrit Tim Cook. Les clients attendent d'Apple et des autres entreprises de technologies qu'elles fassent tout en leur pouvoir pour protéger leurs informations personnelles (...) Le gouvernement nous demande de hacker nos propres utilisateurs". Le PDG du groupe assure que le logiciel demandé par les autorités est "trop dangereux pour être créé" et n'hésite pas à le qualifier de "backdoor" (porte dérobée), "un moyen détourné de pénétrer dans l'iPhone".
Tim Cook estime que développer ce type de logiciel reviendrait à créer "un passe-partout dans le monde physique capable d'ouvrir des centaines de millions de verrous, qu'il s'agisse de restaurants, de banques, de magasins ou de maisons" et qu'"une fois créée, la technique pourrait être utilisée à l'infini, sur tous types d'appareils." Le PDG d'Apple brandit la menace d'une utilisation à mauvais escient par "le gouvernement" qui "pourrait étendre cette violation de la vie privée et demander qu'Apple conçoive des logiciels de surveillance pour intercepter vos messages, accéder à vos dossiers médicaux ou vos données financières, tracer votre localisation ou même accéder au micro ou à la caméra de votre de votre téléphone sans que vous le sachiez".
La position d'Apple a été saluée par deux entreprises de la Silicon Valley, Google et WhatsApp. "Nous savons que la police et les agences de renseignement font face à des défis importants dans la protection du public contre la criminalité et le terrorisme. Nous fabriquons des produits sécurisés pour protéger vos informations et nous donnons accès à des données aux autorités sur la base d'ordres de justice valides. Mais c'est tout à fait différent d'exiger des entreprises qu'elles permettent le piratage des appareils et des données de leurs clients", a affirmé Sundar Pichai, le PDG de Google, sur Twiiter.
Dans un billet sur Facebook, le créateur de WhatsApp Jan Koum a pour sa part expliqué "avoir toujours admiré les prises de position de Tim Cook sur la vie privée et les efforts d'Apple pour protéger les données des utilisateurs", estimant qu'il ne fallait pas permettre "que ce dangereux précédent puisse voir le jour. Aujourd'hui, notre liberté et notre indépendance sont en jeu".
Depuis les révélations du lanceur d'alerte Edward Snowden sur l'espionnage électronique de l'Agence de sécurité américaine (NSA), la protection des données personnelles est devenu un argument commercial pour les sociétés technologiques auprès d'utilisateurs de plus en plus méfiants. Apple et ses concurrents ont développé des systèmes de sécurité de plus en plus draconiens érigeant leurs téléphones en véritables forteresses. Les autorités américaines et britanniques, tout comme des cadres du FBI ou du renseignement européen, font campagne depuis plusieurs mois pour que les fabricants leur laissent une possibilité d'accéder au contenu des appareil avec un mandat judiciaire pour pouvoir lutter plus efficacement contre les jihadistes, de plus en plus nombreux à utiliser le chiffrement.
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