Payer pour ne pas être suivi : pourquoi 8 associations portent plainte contre Facebook et Instagram

Un nouveau front se dresse face au système d'abonnement mis en place par Meta en Europe. Huit associations de défense des consommateurs ont déposé plainte le 28 février devant des CNILs européennes contre le géant américain, accusé d'enfreindre le Règlement européen sur les données personnelles à travers son forfait payant lancé début novembre pour éviter aux utilisateurs de Facebook et d'Instagram d'être ciblés par la publicité. Ces organisations, dont l'UFC-Que Choisir en France, dénoncent "un écran de fumée destiné à détourner l'attention du consommateur quant au traitement illicite de ses données personnelles".

Cette plainte s'ajoute à deux actions déjà initiées fin novembre contre Meta par des associations de consommateurs. La première, portée par l'association None of your business (Noyb), dénonce un forfait payant contraire au droit européen sur les données personnelles. La seconde, déposée par le Bureau européen des associations de consommateurs, accuse Meta de "pratiques déloyales, trompeuses et agressives". 

La balle est désormais dans le camp du régulateur européen qui a la possibilité d'ouvrir une procédure à l'encontre de l'entreprise de Mark Zuckerberg. La Commission européenne a réclamé vendredi 1er mars des explications à Meta sur son système d'abonnement; sans publicité sur Instagram et Facebook. Une demande d'information a été transmise au géant américain dans le cadre du règlement européen DSA. 

L'issue du dossier sera scrutée de près par les autres grandes plateformes numériques. "Si les autorités européennes donnent raison à Meta, rien n'empêchera les autres applications de proposer les mêmes offres. Cela pourrait aboutir à une situation étonnante où il faudrait finalement payer pour garantir sa vie privée en Europe", soulignait le chercheur Julien Pillot auprès de RTL fin novembre. 

Quels sont les reproches des 8 associations derrière la nouvelle plainte ?

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Les associations accusent Meta de ne pas respecter nos données personnelles. Les conditions d'utilisation de Facebook et Instagram peuvent désormais se résumer à "soit vous acceptez nos traceurs, et vous acceptez qu'on vous piste et qu'on partage vos goûts avec nos annonceurs, soit vous payez pour continuer à utiliser nos services sans publicité". Les associations mettent en garde sur le fait que même en acceptant de payer, les utilisateurs recevront toujours les publications des annonceurs et des marques car toutes les publicités affichées sont le reflet de leurs goûts. Elles dénoncent une communication trompeuse.

L'étendue de la collecte de données est vaste. Cela peut être le nom, la date de naissance, tout que vous laissez en magasin ou en ligne, comme votre adresse pour être livré, ou votre numéro de carte pour payer une commande. Cela peut être aussi les données administrées par l'État : votre dossier médical, ou le dossier numérique de votre enfant à l'école, ou encore vos émotions, vos humeurs... Tout ce que vous postez sur les réseaux, qui vous suivez, ce que vous aimez, toutes ces informations sont utilisées par Meta pour dresser un portrait-robot de vous et vous suggérer les contenus qui sont les plus susceptibles de vous plaire.

Toutes ces données personnelles se revendent. Et sur ce marché ,il y a ceux qui respectent vraiment la loi, à savoir les sites qui vous demandent si vous êtes d’accord pour accepter les cookies, que vos données soient captées et partagées avec d'autres partenaires, mais aussi ceux qui flirtent avec la légalité, en vous disant que vous devez absolument accepter les cookies, pour accéder à leur contenu. Mais derrière, il n'y a pas qu'un seul interlocuteur. Il y a un bus, ou même l'équivalent d'un stade entier qui regarde ce que vous faites.

Puis, il y a le marché noir, des cybercriminels qui vont pirater vos données. Soit, pour essayer de vider vos comptes, soit pour les revendre. Lorsqu'il s'agit seulement des noms, adresses, et numéros de téléphone, cela vaut quelques centimes par client. Mais quand il y a les coordonnées bancaires, là c'est plusieurs dizaines de dollars par client. Et cela monte à une centaine de dollars par personne pour un numéro de la carte bancaire noire, très haut de gamme.

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