Les ingénieurs de la mission ExoMars prennent leur mal en patience mais l'espoir se réduit à mesure que les heures défilent. L'Europe et la Russie spatiales, associées au sein de la mission ExoMars, ignorent toujours, jeudi 20 octobre, si elles ont réussi à faire atterrir sur Mars le premier atterrisseur européen de l'histoire. À 16h42, mercredi, après une chute libre de moins de six minutes, elles ont tenté de poser en douceur Schiaparelli, un module de 600 kilos, à la surface de la planète rouge et de placer simultanément la sonde scientifique TGO (Trace Gas Orbiter) en orbite. Un défi technologique de taille pour l'Agence spatiale européenne : jusqu'à présent, seuls les Américains ont réussi à poser sur Mars des engins qui sont parvenus à fonctionner ensuite, les rovers Curiosity en 2012 et Opportunity deux ans plus tard. Pour le reste, neuf échecs pour vingt tentatives ont été enregistrés jusqu'à présent.
Une partie de la mission est déjà une réussite. Au centre de contrôle de l'ESA, les ingénieurs de la mission ont rapidement eu la confirmation que la sonde TGO était bien en orbite de Mars. Il y a désormais deux satellites européens autour de Mars : Mars Express depuis 2003 et TGO depuis mercredi. Mais ils attendent toujours de connaître le sort du module Schiaparelli. L'atterrisseur a touché le sol de la planète rouge mais il ne donne plus de nouvelle depuis. Les radiotélescopes installés en Inde ne sont pas parvenus à capter ses signaux après l'atterrissage. Ils se sont interrompus quelques minutes trop tôt. La sonde américaine Mars Reconnaissance Orbiter et TGO tentent désormais de les capter.
L'Agence spatiale européenne a annoncé jeudi qu'elle ignorait toujours si le module avait survécu ou pas à son atterrissage sur Mars. "Nous ne sommes pas en mesure de déterminer les conditions (...) dans lesquelles l'atterrisseur a touché le sol" mercredi, a déclaré Andrea Accommazzo, chef des missions du système solaire à l'ESA, depuis le Centre européen des opérations spéciales à Darmstadt, en Allemagne. S'il s'avère que Schiaparelli est perdu, ce sera ce sera la deuxième fois que l'Europe spatiale aura échoué à faire atterrir en douceur un engin sur Mars. Il y a treize ans, le petit Beagle 2, de conception britannique, avait bien atterri sur Mars mais il n'avait jamais réussi à émettre.
TGO et Schiaparelli, nommé ainsi en hommage à l'astronome italien Giovanni Schiaparelli, revêtent une importance capitale pour l'Europe spatiale. Ils constituent le premier volet d'ExoMars, une mission scientifique européano-russe qui doit trouver des indices d'une vie actuelle et passée sur la Rouge. S'il survit, Schiaparelli mettra ses nombreux capteurs à contribution pour mesurer la pression, la vitesse du vent, la température et les champs électriques martiens durant deux à huit jours, avant que ses batteries ne s'éteignent à jamais.
La sonde TGO sera quant à elle chargée à partir de 2018 de "renifler" l'atmosphère de la planète rouge pour détecter des gaz à l'état de traces, comme le méthane, pouvant indiquer la présence d'une forme de vie actuelle sur Mars. La deuxième mission, en 2020, est encore plus ambitieuse. Elle consiste à poser un engin capable de forer jusqu'à deux mètres de profondeur le sol de Mars et trouver des traces de matières organiques, innaccessibles jusqu'ici.