Un concurrent digne de ce nom pour Google Translate. La société allemande Deepl Gmbh, à l'origine du très populaire dictionnaire multilingue en ligne Linguee, a lancé ce mardi 29 août un service de traduction en ligne annoncé comme "trois fois plus performant que celui de Google". Baptisé Deepl, l'outil est accessible gratuitement et fonctionne pour l'instant en français, anglais, allemand, espagnol, italien, néerlandais et polonais.
Utilisé par 300 millions d'utilisateurs l'an dernier, Linguee est l'un des dictionnaires multilingues les plus complets. Il tire son succès de sa recette originale, consistant à proposer des traductions contextualisées plutôt qu'un simple mot équivalent. Le service s'appuie pour cela sur un corpus de plus d'un milliard de textes traduits par des humains, issus de différentes sources, notamment des textes du Parlement européen, des brevets de l'Unesco ou des écrits littéraires.
Les équipes de Deepl ont puisé dans cette immense base de données pour développer l'intelligence artificielle à l'origine de leur nouveau service. À l'instar de Google, les start-up spécialisées dans la traduction automatique utilisent depuis quelques années des algorithmes singeant le fonctionnement du cerveau humain pour gommer les approximations et les contresens et approcher le niveau d'un traducteur professionnel.
Ces réseaux de neurones artificiels sont entraînés à discerner automatiquement quelle serait la meilleure traduction possible d'une suite de mots en fonction de la grammaire, de la structure, du contexte et du sens pour fournir le résultat le plus naturel. Ils sont ensuite appliqués à la puissance de calcul d'un superordinateur capable de traduire plus d'un million de mots par seconde.
Dans un communiqué, Deepl explique que l'architecture neuronale de son système repose sur un superordinateur situé en Islande capable d'effectuer plus de 5.100.000.000.000.000 d'opérations à virgule flottante par seconde, une puissance de calcul de 5,1 pétaFLOPS qui le classerait au 23e rang des superordinateurs les plus puissants au monde.
Comment Deepl peut-il prétendre que son service de traduction automatique est trois fois plus performant que celui de Google ? Dans son communiqué, l'entreprise allemande assure que les résultats de son outil de traduction "sont d'une exactitude et d'un naturel inégalé". Elle s'appuie pour cela sur les résultats du test BLEU (Bilingual Evaluation Understudy), le standard de référence pour évaluer la qualité d'un texte traduit mécaniquement d'une langue naturelle à une autre.
Deepl explique avoir passé avec brio l'évaluation, reléguant à trois points le précédent record, soit le meilleur algorithme traducteur jamais publié jusqu'ici. L'entreprise met également en avant des résultats de blind tests pendant lesquels des traducteurs humains auraient accordé trois fois plus souvent leur préférence aux traductions de son outil qu'à celles de la concurrence (Google Traduction, Microsoft Traducteur et Facebook).
S'il est un peu prématuré pour lui décerner le titre d'outil de traduction le plus performant, Deepl s'avère néanmoins très prometteur au regard des premiers tests effectués, confirmant les résultats du test BLEU. Qu'il s'agisse de textes institutionnels, littéraires ou journalistiques, la ponctuation, la concordance des temps et les structures des phrases traduites par Deepl sont plus naturelles que celles de Google. Mais elles restent froides et bien évidemment largement en retrait de la fluidité d'une traduction humaine.
Mais l'exactitude et la fluidité des traductions ne font pas tout. Le nombre de langues prises en compte est aussi un critère important. Et avec ses 7 langues et 42 combinaisons possibles, Deepl se situe très en retrait de Google, qui est capable de traduire 103 idiomes. Deepl promet d'élargir rapidement son offre avec le mandarin, le japonais, le portugais et le russe pour un total de 230 combinaisons linguistiques d'ici la fin de l'année. Mais le chemin à parcourir pour combler son retard reste conséquent.