350.000 euros pour économiser deux heures de vol. Matignon aurait affrété pour cette somme un avion d'un loueur privé pour permettre à Édouard Philippe de rentrer plus vite de sa visite en Nouvelle-Calédonie et ainsi éviter qu'il ne termine le voyage dans un avion de l'État jugé trop inconfortable, a appris l'AFP mardi 19 décembre de sources proches du dossier.
Venu en Nouvelle-Calédonie en vol commercial, le Premier ministre débute son voyage retour le 5 décembre dans l'A340 de l'armée de l'air mobilisé pour l'occasion, qui avait emmené une partie de sa délégation à l'aller.
Mais lors de l'escale technique à Tokyo, Édouard Philippe descend de l'appareil avec sa délégation, dont plusieurs ministres, pour embarquer dans un autre gros porteur, un A340 de luxe avec 100 sièges de type première classe, loué à l'entreprise spécialisée Aero Vision.
Au final, cet avion de location, qui s'est posé le 6 décembre à 07h30 à Orly, aura permis au Premier ministre, dans de meilleures conditions de confort, de gagner deux heures. Celui de l'armée s'est posé à 09h30 à Roissy, quasiment à vide.
Sollicité par l'AFP, Matignon a confirmé que "la délégation du Premier ministre, composée de 60 personnes, a fait le vol Tokyo-Paris sur un vol loué pour la somme de 350.000 euros, soit 6.000 euros par personne". Pourquoi le Premier ministre n'a-t-il pas terminé son vol sur l'A340 de l'armée, qui a redécollé de Tokyo pour Paris après une escale de deux heures ?
Premier argument de Matignon : cet avion, assez ancien et sans sièges business, "ne sert pas en temps normal à transporter ni des autorités militaires ni des membres du gouvernement en long courrier et de nuit".
En l'absence de l'A330 présidentiel, il a été utilisé "exceptionnellement" par le Premier ministre entre Nouméa et Tokyo "justement pour faire des économies", plaide-t-on à Matignon.
Autre justification : les deux heures ont permis au Premier ministre de revenir "dans les temps impartis", alors qu'Emmanuel Macron s'apprêtait à décoller pour l'Algérie et qu'un Conseil de Défense était prévu à l'Élysée à 8 heures.
Même si la règle souffre de nombreuses exceptions, en l'absence du chef de l'État, le Premier ministre doit se trouver en métropole, rappelle Matignon.
"Au total, le coût des vols pour ce déplacement ministériel a coûté 30% moins cher pour l'État que le dernier voyage similaire en Nouvelle-Calédonie", celui de Manuel Valls en 2016, a également souligné Matignon.