La Bretagne n'échappe pas à la performance historique du Front national lors de ce premier tour des élections municipales. Le parti de Marine Le Pen y a 3 candidats présents au second tour, et avait déposé 9 listes dans des villes de plus de 20.000 habitants (Rennes, Lorent, Saint-Brieuc, Fougères, Saint-Malo, Brest, Quimper et Morlaix).
Gilles Pennelle (16,94%) tentera de briguer la mairie de Fougères, Pierre-Yves Lopin (11,29%), celle de Saint-Brieuc, et Joëlle Bergeront (14,78%) celle de Lorient. À Fougères, c'est même la première fois qu'une liste FN est déposée.
Le FN connaît ainsi une progression fulgurante en Bretagne : en 2008, une seule liste avait été déposée aux municipales. Le candidat en question n'avait pas passé le premier tour, n'ayant recueilli que 4,9% des votes.
À l'élection présidentielle de 2012, Marine Le Pen avait récolté plus de 13,2% des suffrages dans cette région, un score presque double à celui de son père en 2007. Le FN avait même dépassé la barre symbolique des 20% dans plusieurs communes rurales d'Île-et-Vilaine et du Morbihan lors des législatives de juin 2012, rappelle le politologue Thomas Frinault.
Cette tendance est d'autant plus significative que la Bretagne est historiquement une région peu frontiste. Comment peut-on l'expliquer ?
En Bretagne, le FN réalise une avancée dans les zones rurales et périurbaines, tout comme dans le reste du pays. Souvent les plus touchés par le chômage, ces territoires sont sensibles au discours économique et social du FN. Il est notamment très critique envers la politique agricole de l'Union Européenne, prônant le rétablissement des frontières et la préférence nationale, dans un contexte de crise économique mondiale. L'effondrement de l'agroalimentaire est en effet un enjeu de taille pour la Bretagne, sur lequel Marine Le Pen mise beaucoup. Par ailleurs, la présidente du FN promet des baisses d'impôts dans toutes les villes avec un maire frontiste.
Il faut y ajouter une défiance de plus en plus grande envers les politiques, qui semblent justement impuissants face à la conjoncture économique, et empêtrés dans des scandales à répétition.
Résultat : un mécontentement grandissant de ces zones rurales et périurbaines, qui se sentent oubliées. Il en résulte un vote vers les extrêmes, ou le choix de l'abstention. En Bretagne, elle s'est élevée à 34,97%, près de 3 points de moins que la moyenne nationale, à 38,72%. Reste à voir si le FN tirera aussi son épingle du jeu au pays de Brocéliande lors des élections européennes de mai prochain.
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