L'exécutif assure avoir "entendu" le message des Français, exprimé dimanche 23 mars dans les urnes lors du premier tour des élections municipales, et vouloir en "tirer les leçons".
Un remaniement semble de moins en moins inévitable à moyen terme - d'autant que le second tour vient confirmer les résultats du premier. Si son ampleur et les ministres sur la sellette demeurent inconnus, de nombreux noms circulent avec insistance pour remplacer les uns et les autres. Laurent Fabius, notamment, est régulièrement cité pour prendre la suite de Jean-Marc Ayrault à Matignon.
Plus jeune Premier ministre de l'histoire de la Ve République, nommé par François Mitterrand en 1984, il fait partie des "sages" des deux premiers gouvernements Ayrault. Homme d'expérience, son parcours politique tranche avec les accusations d'amateurisme dont le gouvernement fait l'objet depuis l'arrivée de François Hollande à l'Élysée.
Éléphant du PS, Laurent Fabius peut se targuer d'avoir l'un des plus beaux pedigrees du personnel politique actuel. Proche de François Mitterrand depuis sa sortie de l'ENA, il sera deux fois ministre du premier président de gauche de la Ve (délégué au Budget puis de plein exercice à l'Industrie et à la Recherche), puis locataire de Matignon de 1984 à 1986 à 37 ans, à la suite de Pierre Mauroy.
Maire du Grand Quevilly (Seine-Maritime) de 1995 à 2000 et élu député de la quatrième circonscription de ce département à plusieurs reprises, il est aussi un homme d'appareil : président de l'Assemblée nationale (1988-1992), premier secrétaire du PS (1992-1993), président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale puis de nouveau élu au "perchoir" (1997-2000)... Il est passé par toutes les strates de la machine socialiste - et du système politique français.
Redevenu ministre (de l'Économie, des Finances et de l’Industrie) à la faveur de la cohabitation sous Jacques Chirac (2000-2002), François Hollande le nomme aux Affaires étrangères à la suite de son élection. Un poste dont il "rêvait", selon Le Figaro, et où il "réussit très bien et [se] sent très bien", à en croire le secrétaire national à la coordination du PS, Guillaume Bachelay, cité par le quotidien.
Mali, Centrafrique, Syrie, Ukraine : il a eu de nombreuses crises à gérer depuis son arrivée au Quai d'Orsay. "Le Quai, ça tourne bien. Il est vraiment un patron", confie un conseiller ministériel au Figaro.
Cette exposition médiatique et ses réussites font-elles de lui un candidat sérieux à Matignon ? La réponse de l'électorat le suggère : début mars, il a détrôné Manuel Valls du fauteuil honorifique de ministre préféré des Français, selon un sondage Ifop.
Mais un autre sondage, publié le 9 mars, le place troisième dans la course des "premier ministrables" auprès des Français - distancé par le ministre de l'Intérieur et Martine Aubry.
Plutôt en phase avec la politique économique menée depuis mai 2012, sa "loyauté" envers le chef de l'État constitue un avantage dans l'optique de mener à bien le pacte de responsabilité, objectif n°1 de François Hollande.
Aujourd'hui pierre angulaire de l'exécutif, Laurent Fabius a longtemps détesté François Hollande. Il l'avait notamment qualifié de "fraise des bois" en 2003. En 2011, en pleine primaire socialiste - alors marquée par le duel DSK-Aubry -, Laurent Fabius confie même, selon Sud-Ouest : "Franchement, vous imaginez Hollande président de la République ? On rêve !" L'animosité était d'ailleurs réciproque : les deux hommes étaient ennemis au sein du PS et leur rivalité pour l'investiture en vue de la présidentielle était notoire.
Il faut croire que leurs relations se sont normalisées. Le chef de l'État a investi l'actuel ministre des Affaires étrangères de sa confiance. Ce dernier, pour sa part, se serait décidé à jouer le rôle de "meilleur élève du président Hollande", estimait Le Monde en septembre dernier. Le quotidien du soir poursuivait : "D'un côté comme de l'autre, même si la langue de bois diplomatique est de rigueur, l'on ne peut que constater des "relations très fluides" entre le président et son ministre".
Officiellement, Laurent Fabius ne veut cependant pas entendre parler de Matignon. Le 5 mars, il a clairement indiqué ne pas vouloir enfiler à nouveau les habits de bras droit du Président. "Je conduis la politique extérieure de la France. C'est une tâche que certains peuvent trouver mineure, moi je la trouve passionnante et je ne demande rien d'autre (...). Je suis très bien là ou je suis et je pense que dans les circonstances actuelles, avoir une France qui a une politique reconnue, forte, c'est un atout", expliquait-il.
Et si son expérience en fait un des favoris pour succéder à Jean-Marc Ayrault, sa longévité dans le paysage politique pourrait handicaper sa nomination. Loin d'incarner le renouvellement, il ne satisferait pas à l'exigence de "changement" que semblent relayer les urnes. Pourrait-il symboliser une nouvelle dynamique, une nouvelle phase du quinquennat si François Hollande décidait de s'engager dans cette voie ?
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