"On attend de voir" : pourquoi le gouvernement Lecornu n'est pas totalement tiré d'affaire sur la censure

À en croire les dirigeants socialistes, leur groupe de députés devrait respecter la consigne : ne pas voter la censure du gouvernement Lecornu. Le Premier ministre a répondu favorablement à leurs demandes de suspendre la réforme des retraites jusqu'à l'élection présidentielle et de ne pas recourir à l'article 49.3 de la Constitution, lors des débats budgétaires. Invité de RTL ce jeudi 15 octobre, François Hollande a salué une "victoire" de son parti. 

Mais cela lui suffira-t-il pour échapper à la censure ? Pas si sûre. La prudence est de mise à Matignon. "Le Premier ministre ne crie jamais victoire, explique un proche de Sébastien Lecornu. Tout le monde nous dit : 'Ça y est, c'est gagné'. Nous, on attend de voir".  

Le Rassemblement national a campé sur ses positions, maintenant sa volonté de censurer l'exécutif et de demander une dissolution à Emmanuel Macron. Sur France Inter, Marine Le Pen assure que le gouvernement "ne tiendra pas sur la durée". "De toute façon, le gouvernement tombera, c'est une évidence", a-t-elle pronostiqué. Dans les rangs de la France insoumise aussi, la volonté de censurer Sébastien Lecornu est restée la même. Le coordinateur du mouvement, Manuel Bompard, a appelé les élus de son frère ennemi, le PS, désobéir aux consignes d'Olivier Faure. 

Le RN, les députés ciottistes et la France insoumise prêts à censurer

Le gouvernement Lecornu sera censuré si 289 députés votent les motions déposées par le RN et LFI. Dans le détail, le groupe RN compte 123 députés et peut s'appuyer sur le groupe de 16 députés, présidé par Éric Ciotti. À gauche, la France insoumise dispose de 71 députés, auquel s'ajouteront les 38 voix des députés écologistes et les 17 voix des élus communistes. Au total, 265 députés souhaitent censurer l'exécutif. 

Seulement 24 députés sur les 577 que compte l'Assemblée nationale pourrait faire basculer le sort de Sébastien Lecornu. Le groupe socialiste compte 69 élus. Olivier Faure a chiffré à "trois députés", les élus de son appartenance politique qui ne respecteront pas la consigne de vote. 

Le groupe Liot, composé de 22 députés, pourrait aussi s'ajouter au décompte des voix favorables à la censure. À noter cependant, que le député Laurent Panifous, président du groupe Liot, fait désormais partie du gouvernement en tant que ministre des Relations avec le Parlement.

Des divergences au sein d'Horizons et de LR

La menace de censure pourrait aussi venir de ce qu'il reste du socle commun. Le président des députés du parti d'Édouard Philippe, Paul Christophe, a estimé que "suspendre la réforme des retraites pour offrir une victoire politique, aussi symbolique qu'éphémère, au groupe socialiste est une dangereuse facilité". La vice-présidente d'Horizons, Christelle Morançais, a confié qu'elle voterait la censure, si elle était députée. Le groupe Horizons compte 34 députés. 

Comme au Parti socialiste, Les Républicains ont choisi de ne pas censurer le gouvernement, comme l'a indiqué le chef des députés LR, Laurent Wauquiez. Mais là encore, la ligne est fragile au sein du groupe qui compte 50 élus. François-Xavier Bellamy, vice-président des Républicains, a expliqué dans une tribune au Figaro : "Je ne suis pas député à l'Assemblée nationale, mais si je l'étais aujourd'hui, je voterais pour la censure".

Enfin, cette législature de l'Assemblée nationale compte 9 députés non-inscrits, dont la décision de censurer ou non le gouvernement Lecornu II, ne répond à aucune consigne de vote. 

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