Désintérêt, désillusion ou désaveu : l'abstention record observée au premier tour des municipales a suscité diverses interprétations. Mais une équipe de physiciens apporte un éclairage inédit sur ce phénomène qui préoccupe les politiques.
"Nous sommes des physiciens, et non pas des sociologues ou politologues", prévient Laura Hernandez, du Laboratoire de physique théorique et modélisation (CNRS/Université de Cergy-Pontoise). Son équipe a mené une étude dans des pays différents qui montre que la variation de ce taux suit une loi mathématique pour presque tous les pays étudiés.
Les chercheurs ont étudié les résultats de 21 scrutins municipaux dans 10 pays différents, dont la France (2001 et 2008). Ils ont ainsi montré qu'"il existe la même loi mathématique pour décrire la variation de taux de participation moyen avec la taille de la commune".
"En dehors de toutes les autres influences qu'on peut imaginer, non seulement une commune petite vote en moyenne plus qu'une grande, mais aussi la loi de variation de ce taux de participation avec la taille de la commune semble être la même pour des pays très différents", explique Laura Hernandez. Elle est valable quel que soit le taux national de participation : dans un pays qui vote très peu, comme le Costa Rica, ou au contraire dans un pays qui vote beaucoup, comme l'Autriche.
Autre enseignement de ces travaux : les chercheurs n'ont pas du tout retrouvé cette régularité dans les autres types d'élections, qu'il s'agisse de présidentielles, européennes, législatives ou même régionales.
"Nous avons regardé un objet de sociologie, mais on l'a fait avec un regard de physiciens", explique Laura Hernandez à l'AFP. Une approche "complémentaire". Pourquoi cette régularité dans les municipales ? "Notre connaissance de physiciens s'arrête là", dit Laura Hernandez.
Elle estime cependant que leurs résultats, publiés en 2013 dans une revue spécialisée et relayés cette semaine par le site du CNRS permettent de nuancer les comparaisons qui peuvent être faites et les interprétations qui en découlent.
"Quand on dit que telle commune a voté plus ou moins que la moyenne nationale, il faut tenir compte de la taille de la commune dont on parle", souligne-t-elle. Elle précise aussi que son équipe ne s'intéressait pas aux élections pour elles-mêmes. "On s'intéresse à des problèmes de prises de décision, ou de formation d'opinion, des problèmes pour lesquels il est très difficile d'avoir des données", explique la physicienne. Les élections constituent ainsi "une expérience à grande échelle, avec des résultats bruts, indiscutables".
Pour le deuxième tour des municipales en France, dimanche, l'équipe a par ailleurs lancé, en collaboration avec l'Institut des systèmes complexes de Paris-Ile-de-France, "une expérience d'intelligence collective". Les internautes sont invités à prédire le taux de participation par commune. Si les scientifiques récoltent suffisamment de données, ils pourront se lancer dans une nouvelle étude plus poussée.
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