En 2013, le nombre de Roms expulsés de leurs camps a été doublé par rapport à l'année précédente, avec un chiffre record de 165 campements évacués sur les 400 recensés en France. Quelque 19.380 personnes ont été délogées contre 9.404 en 2012 (97 camps) et 8.455 en 2011, selon un rapport présenté ce mardi 14 janvier par la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et l'European Roma Rights Center (ERRC).
Moins de 17.000 Roms, principalement originaires de Roumanie ou de Bulgarie, vivent dans des campements illicites, selon des statistiques officielles. Le nombre d'expulsions est supérieur car certaines personnes ont été déplacées à plusieurs reprises au cours de l'année.
"Ces évacuations forcées
sont l'expression d'une politique de rejet" des Roms, qui a "empiré"
sous la gauche, déplorent les auteurs du rapport. "Les autorités ne
souhaitent qu'une seule chose : leur retour dans leur pays d'origine." Mais,
soulignent-ils, cette politique est "injustifiable, coûteuse et inutile
puisque (...) les Roms vivent toujours en France dans un bidonville
qu'ils ont reconstruit un peu plus loin". Parfois, les familles se réinstallent même sur un site démantelé, a
souligné à l'AFP l'un des auteurs de l'étude, Philippe Goossens, en
citant l'exemple d'un camp près de la Porte de la Chapelle, dans le nord
de Paris. "Je ne comprends pas ce que veut le gouvernement, a confié Philippe
Goossens. Ça ne sert strictement à rien, tout le monde l'admet et
pourtant Manuel Valls continue d'ordonner aux préfets d'évacuer à tour
de bras".
Alors que les expulsions ralentissaient d'ordinaire à l'approche de la période hivernale, elles se sont maintenues au dernier trimestre 2013 avec 5.408 personnes expulsées, selon ce décompte réalisé en recoupant les témoignages d'associations et les articles de presse.
Le ministre de
l'Intérieur Manuel Valls a toujours défendu les démantèlements de campements roms,
au motif que, selon lui, "les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie". En septembre, il avait également mis en doute la
volonté des Roms de s'intégrer, ce qui avait provoqué une violente crise
au sein du gouvernement. Pour ramener le calme, le Premier ministre
Jean-Marc Ayrault avait assuré que la politique de son équipe était
définie dans une circulaire interministérielle d'août 2012. Cette
circulaire oblige les autorités à "accompagner" les démantèlements, en
réalisant un "diagnostic social" des populations avant chaque évacuation
et en leur proposant des solutions de relogement. Mais, sur les
165 évacuations réalisées en 2013, seules 74 ont été accompagnées de
solution partielle de relogement, selon le rapport de la LDH et du ERRC.
Les propositions de relogement sont "le plus souvent temporaires (deux à trois jours) dans des hébergements d'urgence", "généralement éparpillées et éloignées des lieux de scolarisations des enfants", et "il arrive fréquemment que les autorités envisagent de séparer les familles en proposant des solutions (...) uniquement aux mères et aux plus jeunes enfants", selon le document.
Le préfet Alain Régnier, responsable
de la mise en application de la circulaire du 26 août 2012, n'a "ni
autorité, ni moyens, ni les ressources humaines ou budgétaires pour
mener à bien sa mission", jugent ses auteurs. Pour eux, la
politique du gouvernement "laisse la voie libre à l'expression des
extrémismes", ce qui se traduit par une multiplication des pétitions
anti-Roms ou des déclarations à l'emporte-pièce.
Parmi les propos ayant fait polémique en 2013, rappellent-ils, le maire de Croix (Nord) s'était dit prêt à soutenir tout administré en cas d'acte "irréparable" contre un Rom, et le maire de Roquebrune-sur-Argens (Var) avait regretté qu'on "ait appelé trop tôt les secours" lors d'un incendie dans un camp rom.
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