Intimidé et ému, il a fallu le tirer par la manche de son aube blanche pour qu'il pénètre dans l'église. Le père Georges Vandenbeusch est rentré parmi ses anciens paroissiens de Sceaux "Jubilez, criez de joie", chantaient les fidèles de la paroisse Saint-Jean-Baptiste alors que celui qui avait été leur curé de 2002 à son départ au Cameroun en 2011 découvrait la nef chauffée à blanc, pour la première fois depuis sa libération mardi par les islamistes de Boko Haram.
Sur un banc, Georges-Michel, résident de Sceaux depuis 1975, a exprimé sa "joie" et son "allégresse". "Les interventions diplomatiques ajoutées aux prières ont contribué à accélérer cette libération car on craignait que ça dure des mois et des mois", a expliqué ce paroissien qui n'a loupé presque aucune des veillées de prière hebdomadaires organisées par le diocèse de Nanterre en soutien à l'otage.
"La foi nous a portés tout le temps, notre cœur était plein d'espérance", s'est extasiée une autre habituée des lieux, qui a dit voir dans le religieux de la "graine d'évêque". D'abord intimidé par l'accueil de Saint-Jean-Baptiste, le père Georges a progressivement retrouvé son aplomb au micro, renouant même avec son humour qui faisait le délice de ses ouailles. "J'ai vu beaucoup de visages en entrant ce soir mais, comme je n'ai plus mes lunettes ni mes lentilles, je suis complètement miro", a-t-il plaisanté, déclenchant l'hilarité générale.
A son retour mercredi en France, le prêtre, enlevé dans la nuit du 13 au 14 novembre par une quinzaine d'hommes armés de Boko Haram dans l'extrême nord du Cameroun, avait brièvement évoqué sa captivité : "J'étais sous un arbre pendant un mois et demi. Sept semaines ça fait beaucoup d'heures, quand on est otage et qu'on n'a rien à faire, rien à lire, personne à qui parler."
Au quotidien catholique La Croix, dans un entretien paru vendredi, le père Georges a confié ne pas nourrir de "rancœur" envers ses ravisseurs. "Je pensais sans arrêt à cette parole du Christ en croix : "Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font". Mais parfois, quand ils tiraient en l'air pour fêter une opération armée, qui avait sans doute causé des victimes, cela me mettait en colère..."
"Homme de paix" et de "réconciliation" selon ses proches, il était installé au Cameroun dans le cadre d'un échange entre diocèses et avait conscience du danger que revêtait sa mission. Sur la bannière de soutien accrochée à la façade de l'église de Sceaux, la mention "Libéré" est désormais écrite sous la photo de l'ex-otage. Une fois le tumulte et l'émotion de la libération passés, le père Georges aspire à "reprendre une vie tranquille", probablement hors du Cameroun : "la voiture avec les motards pour aller du Val-de-Grâce au diocèse de Nanterre c'est super, on grille les feux, mais j'aspire à reprendre le RER".
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