La croissance, c'est la variation de la production annuelle du pays. On appelle cela le produit intérieur brut (PIB). Cela peut varier à la hausse - à ce moment-là, c'est la croissance -, mais aussi à la baisse - c'est alors la récession. En 2016, la France a ainsi produit pour près de 2.200 milliards d'euros de biens et de services. Pour arriver à ce chiffre, on additionne le prix de tout ce qui a été produit en un an, dans tous les secteurs et toutes les régions.
C'est l'Insee, l'organisme de statistiques publiques, qui réalise ce travail de bénédictin, très complexe. Il faut éviter de compter deux fois la même chose. Bien souvent il faut évaluer la réalité, à partir de sondages. On ne connaît le chiffre exact de la production d'une année que trois ou quatre ans plus tard, le temps de faire remonter toute l'information. En attendant, on dispose d'estimations ; et celles de l'Insee sont particulièrement fiables.
Ce chiffre de la croissance est loin d'être parfait, c'est une convention. Il donne lieu à quelques absurdités. Par exemple, plus il y a d'accidents de voiture plus la croissance augmente, puisqu'il faut réparer les voitures et soigner les blessés. Les carrossiers et les hôpitaux travaillent. Autant d'activités dûment comptabilisées et valorisées dans le PIB.
Par ailleurs, c'est une statistique nationale. C'est donc une moyenne, qui masque des écarts considérables entre les métiers, les catégories sociales ou entre les régions. Entre 2007 et 2013, par exemple, la production de la Lorraine a chuté de 10%, alors que celle de l'Île-de-France a, au contraire, progressé de 8%.
Tous les pays calculent la croissance de la même façon. Il y a des normes internationales. Mais il existe quand même des biais dans les comparaisons d'un pays à l'autre, à cause des taux de change. Chaque pays calcule sa production dans sa monnaie nationale, bien sûr. Quand la livre sterling, la monnaie britannique, dévalue par rapport à l'euro, le niveau de vie et la production des Anglais semble plus faibles que chez nous. Mais ça n'est qu'une illusion statistique.
On n'a pas toujours connu la croissance. Un économiste célèbre, Angus Madisson, a reconstitué les PIB de la quasi-totalité des pays du monde depuis l'an 1000, à partir d'innombrables documents historiques. Il y a consacré une bonne partie de sa vie. Il montre que jusqu'en 1750, la production de la planète ne décolle pas, nulle part. Cela reste plat pendant des siècles, et ça ne gêne personne. Ça n'est qu'au XVIIIe siècle, au moment de la Révolution industrielle, grâce à la machine à vapeur qui décuple la force humaine, que la production s'envole. D'abord au Royaume-Uni, puis en Europe, et peu à peu dans le monde entier.
La croissance est un phénomène récent, qui apparaît avec le capitalisme. Il a été soutenu depuis par l'extraordinaire succession d'inventions des deux cents dernières années, dans l'énergie, l'alimentation, les transports, la santé, l'information.
Toute la question est : la croissance va-t-elle continuer à perpétuité ? Elle divise les économistes. Certains pensent que les grandes inventions sont derrière nous, et qu'il va falloir se faire à la croissance zéro, comme avant. D'autres estiment au contraire que si même le monde physique a ses limites - écologiques notamment -, l'inventivité humaine n'en a pas, et que la croissance n'en a donc pas davantage. C'est bien sûr l'espoir de nos candidats à l'élection présidentielle.
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