Aux dires du maire de Wissous, la commune où a finalement été enterrée Maria Francesca lundi 5 janvier, Christian Leclerc est "effondré". L'édile de Champlan serait dépassé par l'ampleur de la polémique et les réactions indignées qui ont suivi son refus d'inhumer l'enfant rom de deux ans et demi décédé dans un campement de sa ville au lendemain de Noël. "Je connais bien Christian Leclerc, a ainsi confié Richard Tranquier à 20 Minutes. Il n'est pas raciste et modéré dans ses propos. Il était en congé la semaine dernière et n'a pas pu gérer facilement la situation. Cette polémique va trop loin".
Visé par une enquête préliminaire ouverte dimanche par le parquet d'Evry pour "discrimination", dans le viseur du Défenseur des droits Jacques Toubon, tancé par le Premier ministre Manuel Valls qui dénonce une "injure à ce qu'est la France", cible de responsables politiques de tous bords et même lâché par Nathalie Kosciusko-Morizet, qui lui a remis en 2012 l'insigne de chevalier de la légion d'honneur pour son action en faveur de l'environnement, Christian Leclerc nie en bloc. Il dément catégoriquement s'être opposé aux funérailles du nourrisson sur sa commune et assure que ses propos "ont été sortis de leur contexte".
La défense de l'édile de la ville du nord de l'Essonne est désormais mise à mal par Mediapart. À la faveur de l'enregistrement d'un récent conseil municipal qu'il affirme s'être procuré, le site d'investigation assure que l'homme politique de 52 ans, vice-président de la communauté d'agglomération Europ'Essonne, a fustigé à plusieurs reprises la communauté rom auprès de ses administrés et de son conseil municipal, alimentant un climat de peur au sein de sa commune.
Lors du conseil municipal du 28 novembre 2014, il aurait tenu des propos discriminatoires et accumulé les préjugés à l'égard de cette communauté, parlant de "Moyen-Âge", de "rats gros comme ça" qui rôderaient dans le bidonville et "accusant la puissance publique de mensonge", sur un "ton plus proche de la discussion de comptoir que du débat municipal", écrit Mediapart.
Le maire divers droite aurait également directement ciblé les enfants roms scolarisés dans la commune "au milieu des petits Champlanais et petites Champlanaises qui eux prennent une douche tous les matins", regrettant qu'ils soient "hyper couvés par l'éducation nationale", "comme si on avait l'impression que pour les instits, c'était plus intéressant de s'occuper des enfants roms que des enfants champlanais".
Quelques jours avant ce conseil municipal, Mediapart indique que Christian Leclerc a adressé un avis à ses 2.700 administrés pour les alerter sur les conditions d'hygiène régnant dans les camps de roms installés sur la commune depuis près d'un an. Dans ce courrier, il évoque le cas d'un enfant rom scolarisé dans la ville et porteur du bacille de tuberculose" et "de multiples cas de gale dans les écoles". Il explique que "la situation sanitaire est très préoccupante", voire "ingérable", et en appelle "aux services de l'État" pour "mettre fin à cette situation".
Mediapart explique que les services de santé de l'État et l'éducation nationale sont intervenus pour désamorcer ce climat de peur. Dans un courrier datant du 28 novembre, un représentant de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France a ainsi enjoint l'édile à "respecter le secret médical" et rappelé que l'enfant ne pouvait pas être considéré comme malade, ni comme contagieux. Concernant la gale, il précise q'"un seul cas" a été signalé, "chez une animatrice périscolaire".
Pointant un "texte qui peut prêter à confusion et générer de l'inquiétude dans les familles", l'inspection de l'éducation nationale a quant à elle effectué une mise au point auprès des parents d'élèves pour "clarifier la situation" et marteler que "l'École est un lieu de vie collective où s'apprennent les valeurs de la République. Parmi celles-ci, la tolérance et le respect d'autrui".