La semaine où le Premier ministre bouclier n'a pas suffi à protéger le Président

La semaine avait plutôt bien démarré pour l'exécutif : Manuel Valls, fort d'une solide cote de popularité, était envoyé sur le devant de la scène par François Hollande pour annoncer le plan d'économies qui attend la France. Un tournant social libéral que le Président semblait jusque-là enclin à assumer seul. 

Mais c'était sans compter sur les révélations de Mediapart sur le conseiller de l'Élysée Aquilino Morelle, qui ont une fois de plus mis à mal la présidence et contraint François Hollande a réinvestir les premiers plans médiatiques.

Lundi : Valls ultra-populaire

Dès lundi, le décor était planté : la particularité du couple Hollande-Valls est le gouffre qui les sépare dans les sondages. Selon baromètre mensuel Ifop pour le Journal du dimanche 13 avril, la cote du président s'établit à 18%, son plus bas niveau depuis deux ans, tandis que son nouveau premier ministre caracole à 58%.

Dès lors, une question est sur toutes les lèvres : François Hollande saura-t-il profiter de cette situation, ou au contraire se laissera-t-il dépasser par cette sorte de cohabitation, emportant avec lui toute la gauche ?

Mardi : polémique autour du smic

Mardi, c'est une nouvelle fois l'économie qui est au cœur des débats. François Hollande reçoit à l'Elysée 3 économistes de tendance libérale, Philippe Aghion, Gilbert Cette, et Elie Cohen, relançant les rumeurs autour de la possibilité d'une baisse du SMIC.

Mais le président se garde bien de s'exprimer sur le sujet, et c'est surtout la droite qui pâtit de ce retour du débat sur le salaire minimum : l'UMP est divisée sur la proposition du patron du Medef, Pierre Gattaz, d'instaurer un SMIC jeune.

Mercredi : Valls au premier plan pour annoncer les économies

Mercredi François Hollande laisse Manuel Valls monter seul au front pour annoncer le plan d'économies - 50 milliards d'euros de dépenses publiques en moins d'ici à 2017. Ce choix nous éclaire sur la stratégie du président : il a choisi de passer à l'acte "mais par procuration", souligne Elizabeth Martichoux, chef du service politique de RTL. 

On peut même parler de "Premier ministre bouclier", juge le journaliste politique de RTL Yaël Goosz : Manuel Valls protège un Président déjà très impopulaire qui reste, malgré tout, seul maître de la feuille de route.

Jeudi : révélations embarassantes sur Aquilino Morelle

Mais François Hollande a à peine le temps de sentir les premiers effets de son nouveau plan d'action, que les révélations de Mediapart viennent tout chambouler. Selon le site d'information en ligne, le conseiller de l'Elysée Aquilino Morelle a travaillé en cachette pour des laboratoires pharmaceutiques à l'époque où il était censé les contrôler.

Vendredi : Hollande lie son avenir au chômage

Vingt-quatre heures après les révélations de Mediapart, Aquilino Morelle, poussé par le président et Manuel Valls, annonce sa démission. 

Un revirement qui vient parasiter la visite de François Hollande chez Michelin Clermont-Ferrant. Le Président glisse alors une petite phrase suffisamment lourde de sens pour reléguer l'affaire Morelle au second plan : il ne sera pas candidat en 2017 si le chômage ne baisse pas d'ici là. Une manière de faire diversion ? Pas du tout, assure-t-on à l'Elysée.

Samedi et dimanche : le retour des ex-otages

Le week-end de Pâques est marqué par la libération des journalistes otages en Syrie. L'occasion pour François Hollande d'enfiler son costume de chef de l'Etat sans avoir besoin de se protéger derrière Manuel Valls.  

On l'a vu accueillir l'ex-otage sur le tarmac, aux côtés du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Mais cela ne suffira probablement pas à faire oublier les difficultés du milieu de semaine. 

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