Jean-Pierre Bechter, l'homme de l'ombre de Serge Dassault
PORTRAIT - Le maire de Corbeil-Essonnes mis en examen ce vendredi dans le cadre de soupçons sur des achat de votes évolue depuis longtemps dans le sillage du milliardaire.

Jean-Pierre Bechter est la doublure de Serge Dassault. "Pour la quatrième fois de suite, M. Dassault est réélu", lançait-il d'ailleurs lors de son élection à la mairie de Corbeil-Essonnes en 2009. Mis en examen vendredi 17 janvier par les juges enquêtant sur les soupçons d'achat de votes dans la commune du milliardaire avionneur, Jean-Pierre Bechter est le fidèle bras droit de Serge Dassault depuis des années.
Longtemps tapi dans le sillage de l'industriel, c'est ce dernier qui l'a incité à se présenter à la mairie de Corbeil-Essonnes, après l'annulation de sa propre élection. Aujourd'hui, les juges cherchent à savoir si sa victoire de 2010 n'a pas été achetée. Retour sur le parcours d'un homme longtemps resté dans l'ombre, aujourd'hui au cœur d'une affaire politico-judiciaire.
Un chiraquien rompu aux rouages de la politique
Sous-préfet de profession, formé à Sciences Po, Jean-Pierre Bechter a débuté sa carrière politique au côté de Jacques Chirac. Il travailla dans plusieurs cabinets ministériels, puis suivit son mentor à la mairie de Paris, en tant que chef adjoint de son cabinet en 1977.
Il été élu pour la première fois député en 1986, sous la bannière du RPR de Corrèze. Battu en 1981, il revient à l'Assemblée en 1986, en tant que suppléant de Jacques Chirac, nommé Premier ministre. Il retourne ensuite dans la capitale, et sera vice-président du groupe UMP au Conseil de Paris de 2002 à 2008.
Un collaborateur de longue date de Serge Dassault
En plus de sa carrière politique, Jean-Pierre Bechter est un homme d'affaires. L'Express le décrit comme "un homme de l'ombre réputé pour l'étendue de son carnet d'adresses et son rôle central dans la prise de contrôle de la Socpresse par Serge Dassault en 2004".
Avant d'être liés politiquement à Corbeil-Essonnes, les deux hommes ont travaillé ensemble. Jean-Pierre Bechter est un collaborateur de longue date chez Dassault Aviation, administrateur du Figaro et de Socpresse et secrétaire général de la Fondation Serge Dassault. C'est d'ailleurs pour avoir mentionné cette fonction sur les bulletins de vote en 2009 que sa première élection à la mairie de Corbeil-Essonnes a été annulée, avant qu'il ne soit réélu en 2010.
Maire en remplacement de "Serge"
En 2008, l'élection de Serge Dassault à la mairie de Corbeil-Essonnes a été annulée par le Conseil d’État en raison de dons qu'il avait fait à des habitants. Frappé d'inéligibilité pendant un an, l'homme d'affaires a alors fait entrer en scène Jean-Pierre Bechter. "L'homme n'a jamais voulu être maire, qu'importe: il a toujours obéi à 'Serge'", raconte L'Express.
Serge Dassault était le chef d'orchestre de sa campagne. Et lors de sa première élection en 2009, Bechter déclare à la presse : "Pour la quatrième fois consécutive, M. Dassault est élu maire de Corbeil-Essonnes", avant d'expliquer : "C’est moi qui suis élu, mais quand même c’est lui qui bat le Parti communiste quoi, avec moi, voilà."
Charge désormais aux juges Serge Tournaire et Guillaume Daïeff d'établir si des votes ont été achetés ou non lors de cette élection municipale à Corbeil-Essonnes, de même que celles de 2008 et 2010. Quant à l'élection à venir en 2014, Jean-Pierre Bechter ne s'est pas encore déclaré officiellement candidat.
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