Le retour de bâton aura mis une dizaine d'années à se dessiner. Alors que la France s'apprête à élire ses députés européens, le 25 mai prochain, le Front national fait office de favori. Un véritable pied de nez à la réforme du mode de scrutin votée en 2003, qui lui avait fait perdre des élus à Strasbourg.
Décidée au lendemain de la présidentielle de 2002, la réforme de l'élection des eurodéputés en France introduit le découpage de la carte électorale française en circonscriptions, alors que jusqu'en 2004, les partis en lice ne présentaient qu'une seule liste nationale. L'objectif de ce projet porté par Thierry Repentin et Jean-Pierre Raffarin était de lutter contre l'abstention croissante.
Officieusement, cette transformation exceptionnellement autorisée par l'Union européenne - seuls cinq pays disposent de circonscriptions - vise à réduire le poids du Front national, en difficulté après la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle.
La création de circonscriptions provoque en effet la hausse du seuil nécessaire à l'obtention d'un élu. Fixé à 5%, celui-ci augmente en fonction du nombre d'élus à désigner. Ainsi, la zone Massif Central-Centre nécessitait-elle l'obtention de 13,56% des voix pour remporter un siège. Dans le Sud-Est, il fallait obtenir 5,9% des suffrages.
Le mode de calcul choisi favorisera encore plus les partis dominants. La proportionnelle régie par la méthode de "la plus forte moyenne" permet, au contraire du "plus fort reste", aux formations qui mènent le scrutin d'obtenir un plus grand nombre de sièges, desservant ainsi les partis en retrait.
Le résultat est sans appel. Seules sept formations obtiennent des eurodéputés en 2004, contre neuf en 1999. Le PCF ne fait, par exemple, élire que trois de ses candidats malgré un score national de 5,2%. Cinq ans plus tôt, le duo LO/LCR envoyait cinq élus à Strasbourg avec un score similaire (5,18%). Avec 6,7% des voix, le MPF envoie également trois de ses membres au Parlement. Avec un résultat égal (6,78%), le PCF en envoyait six en 1999.
Surfant sur la vague de sa présidentielle réussie, le FN ne pâtira pas trop du nouveau mode de scrutin, faisant élire sept de ses candidats en 2004. On notera toutefois que le parti alors dirigé par Jean-Marie Le Pen ne glane que deux eurodéputés supplémentaires malgré un score national quasiment doublé (9,8% en 2004 ; 5,69% en 1999). Le scrutin de 2009 sera cependant marqué par la perte de quatre élus.
Au final, le FN comptera trois eurodéputés pour un score national de 6,34% des voix, soit moins d'élus qu'en 1999 malgré un score plus élevé. Désormais bien placé pour arriver en tête ou en deuxième position des européennes de 2014, le Front national aura tout loisir de profiter d'une règle électorale qui le pénalise depuis onze ans.
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