Éric Zemmour : "Le PS pourrait être la grande victime d'un combat entre le FN et l'UMP"
CHRONIQUE - Forte de sa percée aux municipales, Marine Le Pen affirme que le bipartisme est mort et que le FN est la troisième force de la vie politique française. Vraiment une bonne nouvelle ?
Le tripartisme d'après-guerre était représenté par un Parti communiste à 25% des voix, flanqué du MRP (les démocrates-chrétiens) et de la SFIO (les socialistes). "Le hasard malicieux fait miroiter cette époque lointaine avec la nôtre", analyse Éric Zemmour, pour qui "la sociologie ouvriériste populaire, jusqu'à l'ancrage géographique dans le Nord et le Sud-Est, rapproche le Front national d'aujourd'hui du PC triomphant de l'époque". Le MRP ? "L'UMP des Juppé, Gaudin ou Raffarin". Le PS, lui, "a mis les pas dans ceux de son ancêtre".
"Le tripartisme de la IVème République fut bousculé, et finalement détruit, par le Général de Gaulle", rappelle Éric Zemmour. Un mouvement gaulliste (un colbertisme social mâtiné d'un patriotisme sourcilleux) enterré par Jacques Chirac avec la création de l'UMP, malgré l'opposition des Séguin et Pasqua au début des années 90. "C'est ce mouvement gaulliste que le jeune mentor de Marine Le Pen, Florian Philippot, rêve comme destin glorieux pour le Front national".
Reste que le tripartisme reste un système "très instable", juge Éric Zemmour. Sous la IVème République, il était favorisé par la proportionnelle. Le scrutin majoritaire à deux tours, lui, favorise le bipartisme. "Dans un système à trois puissances, il faut être l'une des deux", disait Bismarck.
Si l'électorat populaire l'abandonne, le PS pourrait être la grande victime d'un combat entre le FN et l'UMP, note Éric Zemmour. Mais l'UMP est lui-même écartelé. "Le tripartisme est donc toujours en gestation, mais on destin est déjà fixé : il finira en bipartisme. Mais on ignore qui aura la place du mort".
